On interroge les problèmes d’apprentissage dans le cadre d’une pratique libérale d’orthophoniste, praticien-chercheur. La base du travail avec l’enfant repose sur une problématique impliquant une interface de trois champs de recherche : cognitif, affectif, socio-langagier, ce qui oriente la relation qui s’établit dans cette interaction particulière. On discute le type d’informations que peut apporter l’analyse des dialogues adulte-enfant sur le fonctionnement mental de certains enfants en difficulté avec les apprentissages.

Quel statut et quelle valeur accorder aux informations recueillies dans ce type d’étayage, tant affectif que cognitif, qui s’inscrit dans une perspective développementale certes, mais où l’enfant se construit dans son mode de fonctionnement lorsqu’il ne parvient pas à entrer dans le schéma piagétien des apprentissages (assimilation/accommodation/équilibration) ?

Le changement de point de vue sur la façon de réaliser la tâche s’effectue dans le jeu des représentations des partenaires de l’échange interactif. (Bruner Vygotski).

Cet échange s’inscrit donc dans un espace de créativité (Winnnicott) où l’adulte s’adapte à l’enfant comme la mère à son bébé (Aimard Stern), jusqu’à ce qu’il devienne autonome et se socialise dans d’autres cadres.

Les métaphores recueillies sont confrontées à certaines hypothèses actuelles de neuro-psychologues, en particulier l’incapacité à inhiber l’affectivité pour accéder à un raisonnement logique (Houdé). Bien avant déjà, l’affectivité pourrait se trouver omniprésente dans l’activité perceptive elle-même, mobilisant l’attention, laissant libre cours à un fonctionnement intuitif (HD) qui ne peut s’assumer en se vérifiant dans un raisonnement (HG), en particulier peut-être, par défaut de mobilisation de la connection interhémisphérique (Habib), ce qui entraînerait un effet de blocage et se manifesterait par des réactions d’inhibition ou d’agressivité.

La question de la « sélection » renverrait à l’impossibilité de choisir (cf. « ou ») dans la pluralité des valeurs affectées à un même signifiant. L’unité sémantique intègrerait les deux pôles opposés.

A l’appui de cette hypo-thèse, on présente quelques documents recueillis en situation thérapeutique qui soulignent la difficulté que rencontre l’enfant à s’inscrire comme « sujet de sa parole » comme l’illustre un document vidéo (2003) : "habiter son corps et sa parole : un parcours d’enfant IMC", et se retrouve dans de nombreux fonctionnements de type dyslexique.

• Une mise en mots particulière « lui embête pareil lui » (dysphasique)

• Le fonctionnement associatif : métaphore du « petit pois » et le jeu des signifiants « moi/mort » (dyslexique)

• L’expression du problème : l’existence en question. « Un problème avec les problèmes » (filiation). (dyslexique) « Mon frère c’est moi, j’suis rien » (place d’un frère mort). (hypoacousique, parole et orthographe)

• Un témoignage sur les représentations du fonctionnement psychique, sur les rapports entre pensée et langage. (même enfant)

etc.

Ces témoignages ne se situeraient pas dans le cadre d’une "introspection" à proprement parler (Costermans), mais dans celui de l’expression du « besoin de comprendre » (et non d’apprendre) qu’on rencontre chez de nombreux dyslexiques, mise en mots que l’analyse du chercheur (François) met en relation avec l’observation de leur comportement (Zwobada) pendant la réalisation de la tâche qu’ils commentent spontanément.

Eléments de Bibliographie du poster

• Aimard P. (1982) L’enfant et son langage. Villeurbanne, Simep 3e éd.
• Bruner J. (1983) Le développement de l’enfant. Savoir faire, savoir dire. Paris, Puf.
• Costermans J. (2001) Les activités cognitives. De Boeck Université 2e éd.
• Ducret JJ (2000) Jean Piaget 1968-1979. Genève, SRED
• François F. et all (1984) Conduites linguistiques chez le jeune enfant. Paris, Puf.
• Habib (1997) Dyslexie - Le cerveau singulier. Paris Solal.
• Houdé O. et all (2002) Cerveau et Psychologie. Paris, Puf.
• Stern D. (1977) Mère et enfant. Les premières relations. Bruxelles, P. Mardaga.
• Vygotski L.S. (1934/1997) Pensée et Langage. Paris, La Dispute 3e éd.
• Winnicott D.W.(1971/1975) Jeu et réalité. Paris, Gallimard.
• Zwobada Rosel J. (1998) Difficultés de communication chez l’enfant : dialogue finalisé et énonciation (vidéo), in Dialoganalyse VI, Max Niemer Verlag Tübingen, 307-316.

Problématique : le dialogue dans l’interface des 3 champs

Méthodologie : analyser les interactions dialogiques en se référant à différents modèles de référence

Les posters :

1. non-lecteurs (éveil affectif-cognitif. Pathologies limites) (2000)
2. Dyslexiques apprendre/comprendre, croyances, interculturel (2001)
3. « Dys » logique et langue Perception et représentations Quelle(s) logique(s) ? (2002)
4. Dialogue et « Dys » (2003), proposition...

[1] Jacqueline Zwobada Rosel Orthophoniste Fontenay sous Bois (94120)

Doctorat d’Etat (Décembre 2004) Université René Descartes. Paris V (Dir F. François)