l'apprentissage en question
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ANALYSER POUR COMPRENDRE Lecture verticale STRATÉGIES ET PROCESSUS IMPLIQUÉS vendredi 17 août 2012, par J Zwobada Rosel Le procédé de lecture verticale nous vient de l’est, dans un contexte de rééducation d’aphasiques. Lorsque je l’ai découvert, il m’a séduite car il permet de dé-construire des automatismes faussés en "travaillant" la segmentation/identification dans un même mouvement d’analyse des unités, sans entraînement préalable. ProblématiqueLire, pour un lecteur débutant, suppose le bon choix de l’unité à identifier, à sa bonne place dans la syllabe, le regroupement de ces dernières en mots...Ce n’est pas la seule démarche possible car la reconnaissance globale est entraînée dès la maternelle, considérant le mot comme un logogramme par exemple. Cependant l’enfant apprend à lire en s’appuyant sur la fonction métalinguistique qui lui permet d’apprendre des mots par l’effet d’exercice des connections phonographiques proposées... Lorsqu’il y a échec de ces procédures, il s’agit de reprendre l’apprentissage à la base... et, de mon point de vue... autrement. Dans une procédure phonologique, celle à laquelle s’accrochent de nombreux dyslexiques, faute d’avoir constitué un lexique automatisé, la forme du mot, n’est pas vraiment identifiable, au mieux perçue, non comme telle, mais comme une vague enveloppe évoquée à partir de l’identification d’une ou deux lettres/sons (avec toutes les erreurs liées à la variation de la correspondance qui ne s’automatise pas non plus). Cette façon de procéder entraîne de nombreuses "inventions" selon le mot de Miloud, là où on parlait, dans le temps, de "paralexies". Le dyslexique est alors englué dans une démarche ânonnante, et ne sait identifier globalement les mots outils qui devraient s’imposer à lui avec évidence, du fait même de leur fréquence d’emploi. Cette démarche évoque également des processus longuement analysés chez les aphasiques, notamment l’agrammatisme... Le fait de ne pouvoir identifier des formes lexicales renvoie donc à des problèmes d’évocation, celles de sortes d’enveloppes dans le champ visuel comme de leur connexion avec celle qui leur correspond dans le champ auditif. Cet article se voudrait didactique en présentant des séance réalisées avec Miloud, non-lecteur, autour de textes en lecture verticale pour illustrer, par l’exposé des difficultés qu’il rencontre, les stratégies à l’œuvre qui permettent la segmentation à différents niveaux, et la reconstruction d’unités signifiantes jusqu’à l’analyse textuelle. Nous suivrons donc l’évolution de son entraînement dans cette démarche d’apprentissage, et l’ouverture que lui apporte l’analyse impliquée par ce type d’entraînement à la lecture dans un cadre rééducatif face à son blocage pour lire couramment et se lancer à écrire. Le contextePourquoi "des" séances, le pluriel tient à la spécificité de cette prise en charge qui est sous le signe de la discontinuité. Il y a toujours de bonnes raisons pour s’absenter, une semaine, un mois, un an etc... [1] sans parler des "oublis" de rendez-vous en lien avec une mémoire défaillante pour ce genre d’informations, tout comme elle l’est dans le cadre du travail technique lui-même.
"Moi je mélange tout parce que j’ai besoin de beaucoup de concentration pour tout démêler. Ce n’est peut-être pas le cas des autres enfants mais moi je trouve que... maintenant je commence à comprendre pourquoi j’ai tant de difficultés, ça m’aide à mieux contrôler.
"Tous les textes tirés d’un blog et la façon dont vous avez expliqué les choses. Quand je posais des questions, vous décomposiez toute la phrase." - - Je t’amenais à comprendre ce que tu arrivais à déchiffrer seulement"Ces réponses sont dans mes propos ( ?) à moi mais je ne les vois pas tant qu’on n’en parle pas... j’ai pas les mots..." - Pensant à la "forme" des mots car il est clair qu’il a le sens au bout des lèvres [3], j’essaie d’amorcer la piste de "la figuration" [4] en évoquant les dessins qui lui avaient permis de construire le récit de son voyage pour l’enterrement de son grand-père puis à comprendre les textes qui lui ont permis de faire un travail sur lui-même. Il confirme ses problèmes d’évocation :"je pense le truc mais j’arrive pas à sortir le mot de ma bouche. Je le pense mais ça ne sort pas et c’est toujours le mot."
Les séances
En fin d’année scolaire, alors qu’il vient de terminer un remplacement comme livreur et espère être repris, pour l’exercer à modifier sa lecture si tâtonnante du "passeur", je lui propose "le monde sans les enfants" [5] en lecture verticale (lexibox), pour sortir de sa façon de coller lettre à lettre, lui rappelant ce sur quoi nous avions travaillé et reprenons quand il essaie de lire les textes des consignes et des exercices d’un cahier FLE qu’il avait déjà fait plusieurs années avant, en adaptant les indications toujours à reprendre, à ces nouveaux textes.
Où se situent ses difficultés à ce moment de la prise en charge ?
il faut aller voir le mot d’après. Quand je fais bouger des trucs dans ma tête ça va mieux et il réclame d’aller faire l’entraîneur cérébral.Lecture verticale : mode d’emploi— Le choix du texte répond, dans ma propre démarche, à divers critères. Celui qui initie cette nouvelle reprise de ce procédé de lecture [7] est le plus court de la liste du logiciel pré-cité.
Le deuxième texte, nettement plus long, parle d’un écolier arrivé en retard à l’école.
"cette semaine j’ai inventé". Nous reprenons la lecture en mettant deux traits après le point pour un meilleur repérage. Il arrive parfois à oraliser mais ne trouve pas la limite du mot : toujours la morphologie verbale le "t" de fait/finit. Le texte est au passé et les formes verbales ne lui sont pas familières.
"je commence à remarquer, chez moi, "le/la", je me rends compte de mes erreurs, ça fait un mois. Parfois je ne fais pas attention, je continue. Il doit chercher à reconstituer oralement combien il y a de mots dans "il a tout" (raconté)" car il n’arrive pas à identifier l’auxiliaire avoir, ni pour avait dans "avait eu raison". Il n’identifie pas les mots grammaticaux de façon automatique comme "Quandi"(l) en demandant c’est quoi ça ? Pour "finide", il trouve en remontant. Je dois l’aider pour "n’a pas". On retombe sur e/é, un la, le, une. Je lui parle d’"un bureau d’infos dans ta tête".
Je vais tout organiser, bien, dans ma tête
En lui faisant chercher différents types de regroupements, inventorier des stratégies diversifiées, ce travail qu’il n’arrivait pas à faire dans la linéarité d’un texte [8], semble bien mettre en route la fonction métalinguistique dans une démarche plus active qu’avant, lorsqu’il écoutait les explications de l’enseignant ou de l’orthophoniste et que tout glissait sur lui sans trouver où s’ancrer. Je lui propose ensuite à travailler chez lui un nouveau texte, "Offre d’emploi", vraiment d’actualité pour lui. Il s’agit là encore de repérer ce qui relève de la dimension pragmatique d’un texte : ce nouveau texte obéit à d’autres règles d’écriture que les deux récits d’enfants. Mais il n’a pas réussi seul. J’avais préparé un autre texte : "Le chaos", en lien avec ce que ses propos et réactions manifestaient de son état de désordre de ce moment. C’est le premier texte de "Contes et Légendes mythologiques" [9] et de par son contenu il pouvait participer au travail que Miloud réalise sur lui-même avec les autres textes. Une séance autour du "chaos"J’ai l’impression de voir plein de lettres. "C’est le cas Tu vas pouvoir mettre de l’ordre en mettant des petits traits".Il bute sur la lecture du "ch". J’essaie le Dieu des Chrétiens. Nous cherchons dans les prénoms, Christophe, servira de référence.
La fin du monde, le néant. Il cherche encore...La défaite, la destruction, la fin de ... un truc construit. Je précise "la fin peut-être aussi le début". Je lui rappelle le "bing bang".Nous récapitulons le code de segmentation :"_" "=" "( )",rétablir les "’", et plus tard, le "." latéral pour repérer la syllabe quand il y aura des groupes de consonnes. Les difficultés de segmentation concernent des formes peu fréquentes dans "sa" langue, il oublie également de mettre des barres en fin de mot.
Les stratégies pour réussir sont toujours les mêmes mais il ne les retrouve pas de lui-même pour les appliquer. A-t-il compris le texte ? Il acquiesce et le reformule avec ses mots : Je commence. Avant... c’était le chaos et une force qui a remis de l’ordre dans tout ça, qui a éclairé le monde, de l’ordre dans tout ça. Ils ont continué à vivre dans le chaos. Le lendemain [10], il veut s’exprimer sur l’évolution de la conscience qu’il a de ses difficultés.Je commence à me rendre compte que j’ai du mal à me concentrer. Je commence à voir ce qui me pose problèmes. Ça va, jusqu’à 15/20 minutes. J’évoque l’entraînement du sportif, les dépasser à chaque fois un peu plus. Et je lui demande ce qu’il a repéré.Aller trop vite
C’est une torture pour moi, trop d’efforts dans ma tête et quand ça arrive dans ma bouche, tout se mélange. Il dit le mot dans sa tête et la seule aide efficace que nous ayons trouvée est d’essayer de ralentir pour entendre toutes les syllabes, avec le rythme (je les fais taper sur la table).Je m’efforce de rester dans la logique des choses, c’est ce que je vois. Quoi ?Les mots Je reprends :tu les reconnais tu ne les reconnais pas ou pas sûr d’où le déchiffrage. Je suis gêné, je crains que c’est pas bon
Non. Le son a du mal à sortir de ma bouche. Je reprends : pour que le son sorte, il fautla syllabe la poser cela te permet de le dire en entendant tout ce qui constitue le mot. Seul, je n’arrive pas à appliquer ce que nous faisons ou j’oublie. Je le fais un moment puis je m’arrête. Si je vais trop loin, je me disperse. Je veux forcer et forcer.
Rester sur un truc sans que mon esprit vagabonde. Tu y arrives sur autre chose, l’ordinateur. On peut avoir du plaisir.Plus on fait un truc dur, plus on progresse ?
Je lis les mots. Parce que tu t’accroches pour réussir.J’ai toujours fonctionné avec la victoire. Quelle méthode pour réussir sans changer. Je lui rappelle le texte sur lequel il bute, il sait qu’il a quelque chose à comprendre, "La légende des sables" : accepter le changement, se laisser emporter... Et j’ajoute "plus tu veux le faire, moins tu y arrives". Nous nous mettons à le relire :J’ai du mal à y arriver. Faut que je reste tranquille. Il ira se rassurer sur l’ordinateur avec l’entraineur en cherchant à changer de stratégie.Le point de vue de Miloud sur cet entrainementDeux jours plus tard, il a oublié son sac. Nous pensons Méthode de travail et stratégies pour se rappeler. Il reconnait un mieux avec la Lecture Verticale : Maintenant j’ai toujours envie de lire ce que je vois passer, même ce que je ne connais pas. je déchiffre. Que représente pour toi la lecture verticale ?C’est mieux détaillé
PS Sa vie n’est pas simple. Il a conscience de changer à toute vitesse maintenant même si, parfois, il parle de réseau saturé . Lecture verticale : fiche de l’orthophoniste||Principe actif : déconditionner de l’association linéaire. Travailler :
Une technique
Les étapes
phonographique :
syllabique :
On entre dans l’analyse d’un texte à proprement parler avec le repérage de
Le travail autour de l’identification du mot
Le travail autour de la compréhension de la phrase
Le travail autour du texte
Activités de renforcement
[1] cela va des responsabilités d’un jeune à l’égard de sa famille élargie, à la passation du permis (un an pour le code), au besoin de se sentir autonome, au retour face à l’échec et aux accidents de la vie pour comprendre, et maintenant aux boulots d’intérim qui arrivent n’importe quand, sans parler du portable perdu, cassé, changé, sans unités, de l’oubli de prévenir dans un rapport au temps dont il a souvent été question sur ce site. [2] Lois Lorry, Medium, 2007. [3] Nous avions fait tout un travail sur ce qui se mélangeait sur sa langue au moment de sortir les sons des mots qu’il lisait, [4] tout se passe comme si le dessin l’aidait à comprendre et à s’exprimer : il s’agit d’une représentation de type iconique (cf. Bruner) qui sert en quelque sorte de référent/référé pour la compréhension dans le cadre d’un système symbolique, différent de celui du signe linguistique, dit de ce fait figuratif. Dans le système linguistique, rappelons que le référé (sorte de référence du mot) est issu du référent (expérience concrète de base ; il est associé dans une relation "arbitraire" à une forme qu’on pourrait dire littérale, par les lettres qui la composent à l’écrit, représentant les phonèmes qui constituent le signifiant, l’association avec le signifié étant constitutive du signe linguistique. [5] Ph. Claudel Stock 2006. [6] il avait fallu reprendre la fonction des signes, leur valeur d’acte de langage etc. [7] Un article le décrit pour la mémorisation d’un mot [8] Max y est parvenu, voir sur le blog Travail de mémoire et mémoire du travail [9] R. Genet N°510 Nathan, 1985. [10] Si ce travail a pu l’aider plus que les fois précédentes c’est en partie parce qu’il était suffisamment disponible pour venir plusieurs fois par semaine. |
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