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Le test de l’Alouette à 19 ans et plus...
ADRESSÉ À UNE LISTE DE DISCUSSION PROFESSIONNELLE

18 avril 2004

par J.Zwobada Rosel

Je vais parler d’un "cas", avec son accord à utiliser notre travail ensemble de façon anonyme.



J’ai accepté de prendre en charge une adulte (Sonia) qui pensait être dyslexique (découverte récente de sa part), ayant fait des études en arabe,et en français dans le cursus, puis venue en France à l’Université où elle avait été chargée de cours, fait un DEA (mis en forme par un ami pour la rédaction), abandonné en cours de thèse, et était à la recherche d’emploi. Elle avait été très marquée par la réaction d’une responsable d’embauche qui lui avait dit quesa présentation orale était parfaite mais que c’était impensable de la recruter avec son analyse écrite "comment pouvait-elle écrire ainsi, c’était incompréhensible". Sa demande était donc centrée sur l’usage de l’écrit.

Nous avons discuté de ce que j’appelle une forme de pensée particulière et de tout ce dont elle pouvait prendre conscience de sa différence dans son rapport aux autres, ses problèmes relationnels avec les autres, dans la perspective de ce "monde décalé" qui était le sien. Elle a repéré la façon dont son comportement n’était pas toujours ajusté, en particulier, tout tout de suite, (l’intuition du dyslexique), pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, les systèmes qu’elle avait développé pour contourner ses difficultés comme de taper tout en majuscule etc... et beaucoup d’éléments plus personnels de son enfance qui lui avaient permis de réussir à force de travail, apparemment sans problème...

Nous discutions donc de son adaptation à sa situation actuelle, son compagnon est venu, nous avons analysé les risques qu’elle prenait par son trop d’implication dans le travail qu’elle avait fini par trouver... Bref, toute la phénoménologie de certains dyslexiques. Je l’ai mise sur les Tours de Hanoï pour qu’elle réalise la nécessité de suspendre son action... (elle avait beaucoup de mal) Je lui avais fait lire n’importe quoi et elle m’avait apporté un texte qu’elle avait tapé au travail, en majuscule. Je lui ai fait rédiger par écrit (manuscrit) un "témoignage d’une page... J’avais bien identifié un fonctionnement de type dyslexique.

J’ai commencé des épreuves il y a 3 jours et donc l’Alouette. Elle a tout lu en moins de 3 minutes (2’15) mais d’une façon complètement dysrythmique, alternant précipitation et quasi déchiffrage syllabique (qu’elle maîtrise) le cas échéant ou quand elle ne connaissait pasle sens du mot comme "piaille", qu’elle a fini par maîtriser (ébauches, reprises et autocorrection). Ses fautes correspondaient à des substitutions de petits mots : singulier/pluriel (2 fois), mots attendus comme "dans" pour "danse", des erreurs de liaison" viv et gai", "quante" pour" quand", des reprises lors d’erreurs phonétiques (éperdement pour éperdument, donnant lieu à une autocorrection) quand il n’y avait pas de paralexie sémantique et les incontournables "poisson" pour poison," ta" pour la plume. Une petite dizaine donc et elle s’est appliquée pour Amie Annie, amie amie, sans erreur... J’y ai vraiment reconnu un MODE DE LECTURE de dyslexique compensé, ne serait-ce que par la conscience qu’elle avait des difficultés rencontrées. C’est ce qui se passe, pour moi, quand ils viennent après le primaire.

Bien évidemment j’ai complété mon investigation : hésitations pour quelques mots de IV et seule faute à III S. B-M (cf. Girolammi Boulinier), "ci-dessous" lu ci-dessus, qu’elle a corrigé spontanément en m’expliquant qu’elle a toujours beaucoup de souci pour savoir duquel il s’agit, même en faisant le geste correspondant (qui l’aide) par rapport à la table. Du coup, je lui ai donné d’autres repères puisqu’il ne marchait pas bien en m’appuyant sur ma présentation des voyelles où le "u" figure en colonne au-dessus du "ou" ! Commentaire final spontané à sa lecture : "qu’est-ce que c’est que ce truc là !"

J’ai poursuivi mes investigations avec le Café Caisse, les textes proposés dans la recherche des non-lecteurs (Deux enfants aventureux et Les dangers de l’auto stop). Confirmant toutes les hypothèses sur son fonctionnement. Oral/écrit, mémorisation etc... Trop long pour l’analyser ici, bien sûr. Je n’ai pas eu le temps de lui faire la Figure de Rey, ni une dictée. Ce ne peut être utile que pour l’aider à réaliser l’insuffisance de ses stratégies de compensation, comme pour dessus- dessous. A savoir, dans ma démarche, intérioriser un dialogue d’étayage avec le support des tableaux figurant le système. (lien sur site)

Je me suis permis de vous donner tous ces détails car il y a d’autres points à évaluer que ceux des résultats à certains tests qui entrent en ligne de compte, en particulier leur souffrance de ne pas comprendre pourquoi ils sont en difficulté et où.... et que j’ai vu que vous voyez des adultes. Le premier point que je repère, c’est la souffrance : il y a quelques témoignages sur le site qui en rendent bien compte.

L’un n’exclut pas l’autre. Ce ne sont que des pistes...

J.Zwobada Rosel


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