Retour au format normal


REPRÉSENTATION ET EXPRESSION
Dessin et trouble des apprentissages : le nuage
BENJI

2 mai 2010

par J Zwobada Rosel

On prend l’exemple de deux non-lecteurs pour interroger la fonction de représentation et les modalités de son expression en lien avec une forme particulièrement résistante de « dyslexie » chez deux adolescents...




-  L’un Miloud, exprime à 15 et 16 ans, la peur et sa fonction paralysante dans des gribouillis qui évoluent jusqu’à poser des liens. Voir l’article sur le blog (lien vers le blog, chercher dans la catégorie "dessins" Lâchez-prise et dyslexie).
-  L’autre, Benji, 15 ans, découvre la fonction significative d’une forme qui devient signe, et la fonction de la nomination pour exprimer la peur. Cf. le film (présenté à la fin de « Parcours de non-lecteurs...Entrée dans l’écrit »

-  Benji y découvre l’association forme/sens dans le dessin alors qu’il qui ne peut/veut rien entendre de cette association pour la lettre et le son.

Après une séance difficile centrée sur ces identifications formelles instables, il reste un peu de temps et je lui propose de dessiner. Il ne sait que faire, et je suggère « un nuage » en plaisantant, « cela n’a pas de forme », cela devrait te plaire.

Dans le dessin où il tente d’en réaliser un, effacé à chaque fois, tout se passe comme si
une forme (suggérée par un mouvement et la proposition de l’orthophoniste : « capter » avec un geste des deux mains formant un contenant en quelque sorte) accrochait un sens (conventionnel)
et par le jeu de « transformations » à partir d’une forme de base, ouvrait le champ de l’imaginaire.
-  Du nuage festonné, enfin retrouvé, il passe au mouton puis, à partir d’un autre nuage plus allongé, à la girafe,

Images recopiées sur l’écran : Du nuage au mouton

Le nuage
Le nuage

L’adolescent se met à dessiner ensuite des éléments épars, leur attribue un premier sens, chauve-souris, puis se décide à « fermer » cette sorte de figure qu’on devine en introduisant l’ovale d’un visage. La peur s’exprime alors quand la chauve-souris, forme ouverte, se transforme en diable (mot escamoté, à peine perceptible), il le dit en baissant la tête tout en l’effaçant...

De la chauve-souris au diable. Vite effacé...

Le diable
Le diable

Nous retournerons à l’écriture ensuite...

NB. Miloud a réussi à "pouvoir lire" mais souffre trop d’avoir à écrire. Il est revenu, adulte, par intermittence, pour y parvenir, et la figuration qu’il a réalisée de ses difficultés à écrire n’a pu manquer d’évoquer pour moi, ce fameux « nuage » de Benji. Voir « écrire, c’est quoi pour toi ? » sur le blog.

J Zwobada Rosel


©2000 www.sos-lire-ecrire.com