Si l’art-thérapie correspond à une approche privilégiée de la créativité dans une approche thérapeutique, ce que j’appellerai une « créativité interactive » est au cœur des prises en charges dont nous avons donné quelques exemples jusqu’ici en tant qu’orthophoniste libérale et rééducatrice à l’Education Nationale.
Je pense en particulier au mémoire de Frédérique “...une parole habitée”, à son article “Une entrée dans l’écrit...”, au script du film que j’ai présenté à Nancy sur la prise en charge d’un enfant IMC “Habiter son corps et sa parole” et à notre discussion à propos des non-lecteurs.
Pourquoi parler de « créativité interactive » à propos de ces démarches thérapeutiques ? La créativité du "thérapeute", orthophoniste comme rééducateur scolaire, serait dans sa disponibilité psychique, l’accompagnement, une façon « d’être avec » qui permet à l’enfant de mettre en jeu sa propre créativité, par son écoute, la sensibilité à ses tentatives d’expression. L’enfant a à trouver une forme d’expression qui lui permette de se séparer de ce qui était souffrance et mobilise ses ressources psychiques. Au-delà du jeu, du dialogue, du récit, la distance du livre apporte cette posssibilité de naissance au monde des symboles et non plus seulement des éprouvés.
L’intitulé du site précise sa centration sur les difficultés de relation à l’écrit et tout particulièrement d’entrée dans l’écrit. Jouer avec les lettres, les assembler, retrouver la langue et ses jeux en elle, n’est-ce pas accepter les modalités de l’absence, jouer avec ses niveaux de représentation pour accepter la séparation qu’implique l’existence même d’un symbole (cf. grec) qui n’a de valeur que lorsque ses parties sont réunies au-delà de la brisure. Après la séparation de la naissance, n’y a-t-elle pas celle de la mort qui ne prend sens que par rapport à la première, issue fatale (cf. destin) de la vie, ultime modalité de l’absence, qui ne peut rester l’inommable de la non-existence et doit trouver d’autres formes de représentation. On ne peut mieux rendre compte de ce passage que dans l’article de Frédérique [1], lorsque, accepter ce destin humain est accepter du même coup son origine et son histoire.