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Manet
MÉMOIRE, PENSÉE, LANGAGE
mardi 28 janvier 2003, par J.Zwobada Rosel


(dysorthographie, agitation psycho-motrice, oubli de la phrase à écrire)

Au programme du jour, lecture répétée [1] Il avait choisi une " Chair de Poule ". Je propose de garder le même pour assurer une continuité et que nous puissions avoir une activité commune. Moi " lire ", lui répéter.
Il prend un petit ours vibreur et jouera avec puis avec d’autres objets sur la table, tout le temps de la séance pour " supporter " la contrainte [2]que je lui impose avec ce type d’activité.
Il ne se souvient pas de l’histoire, je lui propose de choisir le livre sur lequel on va travailler régulièrement, éventuellement l’emporter chez lui. Il importe qu’il soit motivé. Il choisit " le loup-garou des marécages ". Il peut le définir " c’est un homme qui se transforme en loup ". Je lis une phrase de deux syntagmes, il les répète, l’un après l’autre. Il n’articule [3]pas bien. Quand je lui demande de répéter la phrase en entier, depuis le début, il ne peut y parvenir. La discussion commence alors...

Dialogue d’étayage :

O - Si tu t’es mis en roue libre [4] tu as oublié ! Il y a deux sortes de mémoire [5],la mémoire " bête " et la mémoire " intelligente " où on fait un travail pour que ça reste dans notre tête. Et je crois que toi tu as besoin de travailler celle-là [6]. Pas seulement le temps d’écrire une phrase de dictée, mais pour que les choses te restent pas comme ça floues da ns la tête. Pour qu’elles restent précises, exactes. Parce que tu as une mémoire ! Tu te souviens de ce qui est important, de ce qui s’est passé, à la maison, quand tu étais petit, tu as plein de souvenirs. Mais... c’est pas cette mémoire là qu’on utilise à l’école.
Mais le problème c’est que quand tu utilises celle de l’école, il n’y a pas de connexion, d’connexion ça veut dire de lien, pour que ça reste en toi de façon intelligente. Tu es d’accord avec ça ! Est-ce que tu as compris ce que j’ai dit ?

Ma - Ben, pas trop... ? ((ni agressivité ni neutralité))

O - Alors dis-moi ce que tu as pas très compris. C’est difficile ce que je dis, (M-oui) je suis d’accord. Qu’est-ce que tu n’as pas très compris ?

Ma - J’vois pas trop c’que c’est le truc, c’est le mot, heu, que vous m’aviez expliqué...

O - Quel mot ?

Ma - Dire, dire dans une (... ?...)

O - Qu’est-ce qu’il voulait dire ?

Ma - J’ai pas très compris.

O - C’est exactement le problème. C’est que, quand tu entends quelque chose, il y a une mémoire, une mémoire bête qu’on exerce en classe quand on apprend à répéter, à réciter quelque chose, hein. C’est une mémoire qui peut être bête, parce QUE, c’est celle du perroquet. Tu crois que les perroquets ils comprennent ce qu’ils disent ?...

Ma - Ouais, quand j’en ai vu un, il savait parler comme un homme.

O - Oui, et tu crois qu’il éprouvait des émotions. Et que quand il disait une phrase comme je vous aime, il t’aimait comme ta maman ?

Ma - Euh non ! (silence)

O - Il disait " je vous aime " parce qu’on lui avait appris qu’il fallait dire " je vous aime ".Silence.

Ma - Ca veut dire semblant de dire " Coco " ?

O - Oui ! Mais parce qu’il savait dire " Coco ". Mais est-ce qu’il savait que coco c’était lui, un perroquet qui avait un papa, une maman, que l’on avait mis dans une cage et qu’il était prisonnier ? Il savait rien de tout ça. C’est trop dur à comprendre ce que je viens de dire ?

Ma - Là j’ai tout compris.

O - Là tu as tout compris. Donc maint’nant quand j’dirai " mémoire bête ", ça veut dire la mémoire du perroquet, à qui on a appris à faire du bruit avec sa bouche.

Ma - Si ... La mémoire du singe...

O - La mémoire du singe, est-ce que c’est pour parler ? C’est pour faire quoi, la mémoire du singe ?

Ma - C’est un peu comme une homme, comme un homme sauf qu’il sait pas parler.

O - Un petit peu plus que, sauf qu’il sait pas parler. C’est parce qu’il ne peut pas parler (Ma ?) que, ce qu’il sait faire comme les hommes, s’arrête à un certain moment. Il peut pas inventer un ordinateur. C’est les hommes qui ont inventé les ordinateurs et beaucoup d’autres choses.

Ma - Mais les hommes au début, c’était des singes !

O - Oh, mais ils ont fait un saut ! Et ils sont devenus des hommes. Ils ont inventé que, quand quelqu’un était mort, il fallait continuer à penser à lui dans sa tête, même s’il était pas là... Alors ils ont fait, des inscriptions sur les murs, ils ont, enfin sur les parois des cavernes, ils ont creusé des trous pour enterrer les morts. Les animaux ils ne font pas ça ((le ton marque le statut des énoncés)). Parce que les animaux ne sont pas capables, de penser à quelque chose qui n’est pas là ! ou qui n’entre pas dans leur désir immédiat... Parce que le chien quand il, t’as pas d’chien toi ?

Ma - Moi j’ai une chatte.

O - T’as une chatte toi. La chatte, quand tu n’es pas là, est-ce qu’elle pense à toi ? Est-ce qu’elle est triste en disant " il n’est pas là " !

Ma - Heu, oui ! Après, parce que à la limite, elle nous fait pas du tout la fête, hein, quand on rentre, elle est comme ça.

O - Elle est pas contente parce que vous étiez partis et elle se sentait pas bien. Donc, elle peut se rappeler de vous parce qu’elle n’est pas bien. Mais elle ne peut pas se, représenter dans sa tête, quelque chose qui serait Ma et qui va à l’école. Tu peux toujours l’amener à l’école, elle ne se rappellera pas ce genre de chose. Elle ne se rappellera que les choses qui viennent du cœur. Ca c’est un des enfants qui a expliqué ça. Hein !
Les animaux, ce dont ils se souviennent, c’est avec le cœur. Or nous, quand on est des humains, donc, ni des perroquets, ni des singes, hein, on peut, à la fois faire comme les perroquets, c’est-à dire répéter des choses qu’on a entendues, parce qu’on a cette capacité à reproduire des mots, seulement, on est aussi comme les singes (
Ma - hm (acquiesce)) qui, ont, ou les chiens ou les chats ou les animaux domestiques, qui ont une capacité de se rappeler avec leur cœur, les choses qui sont importantes pour eux, il y a quelque chose qui reste en eux, même si ce n’est pas là présent, dans leur vie. Mais ça ne va pas plus loin, et ils ne peuvent pas raccorder ça, avec le fait de parler.
((Changement de ton, la voix baisse))
Un bébé qui commence à dire maman (
Ma-hm (à peine audible) (silence)), si il dit maman, c’est une façon de faire exister maman même si elle est pas là ((ton d’un secret)). (Ma- hm). Tu es d’accord  ? (Silence). Et avant de pouvoir dire maman (Ma interrompt), il avait...

Ma = Moi, la première fois que j’ai vu maman j’étais comme ça (mimme)

O - Tu as vu la photo ?

Ma - Non. Elle, je l’ai regardée dans ses yeux (O - oui) comme ça, (silence) et maman, (interpelle O) r’garde !

O - Elle était toute étonnée de te voir...

Ma - Non elle, elle était étonnée de me voir comme ça !

O - De te voir faire une drôle de moue ? Ben oui mais comment tu sais ça ?

Ma = (poursuit en chevauchement après un souffle) l’effet de surprise, elle était surprise...

O - Comment tu sais ça ?
Ben oui, elle était surprise d’avoir un beau garçon comme toi.

Ma - Et aussi euh (inaudible)

O - Et que tu n’aies pas l’air content d’la voir. Mais peut-être aussi que t’avais mal dans le ventre à ce moment là ?

Ma - Non ! (catégorique)

O - Comment tu l’sais ?

Ma - Ben parce que j’ai encore des petits souvenirs moi !

O - On te l’a raconté ça, ce que tu viens de me dire ?

Ma - Ouais !

O - Maman te l’a raconté. Donc ce n’est pas ton souvenir à toi (Ma (bruit bizzarre, métallique, puis) - ah ah) C’est le souvenir de maman hein.

Ma - (Très nasonné) Elle s’en souviendra toujours parce que je faisais une sale tête quand je la regardais.

O - Donc, tu lui as fait une sale tête et elle, elle t’a fait une sale tête. Ben vous aviez démarré de travers, dis-moi, Ma !

Ma - (Rire)

O - Non ! tu crois (rire). Je ne sais pas, c’est, comment maman te l’a raconté mais moi je peux imaginer, que, tu es le premier enfant de maman ?

Ma - hm (acquiesce) mais pas le premier de sa (incompréhensible)

O - Tu es le seul enfant de maman, mais elle n’avait pas l’expérience d’un enfant qui serait à elle, et que pendant très longtemps tu as été dans son ventre. Et que vous étiez en train de vous parler pas avec des mots...

Ma - Et j’donnais même des coups d’pieds dans son ventre ! ((ton assez content, récupère ?))

O - Et bien voilà !

Ma - Je faisais ça : pah pah (doucement)

O - Et oui ! et puis en même temps

Ma - Oui, j’m’entrainais au ballon parce que j’adore le foot ((rit, glousse presque))

O - ah ah (rire)
J
e pense que c’était une façon d’être en relation avec ta maman. Et elle, quand elle te sentait en elle, je ne sais pas si elle s’imaginait des choses ou pas, mais quand elle t’a vu pour de bon, ça a du lui faire un coup parce qu’elle pouvait pas imaginer que, tu étais dans son ventre et puis ensuite c’était, c’était ça ! Quelque (coupe) chose qui n’était plus...

Ma = elle pouvait pas, et imaginer que je suis comme ça

O- Ben, et qu’en plus, oui mais toi, peut-être que, à ce moment-là, elle t’a raconté que (beaucoup plus vite et plus bas) tu n’étais pas content de la voir, non ?

Ma - Ouais, je me disais (assuré mais ralenti et couleur triste) C’est elle, ma maman ? " ((montée sur la dernière syllabe comme un cri, très intense))

O - ((confidentiellement)) Il fallait que vous appreniez à vous connaître, tous les deux, tu crois pas Ma ? On a un chemin (interrompt) à faire ensemble...

Ma = ((reprend un peu plus fort)) " c’est elle ma maman ? " hm ((acquiesce)).

O - Ben oui. Mais peut-être aussi, que tu as tout simplement fait une grimace parce qu’à ce moment là y avait une grosse saleté qui était quelque part dans ton estomac et qui t’a fait faire une grimace et que maman elle aurait voulu que ce soit un beau sourire, pour dire, euh, je suis contente de voir mon fils, il est BEAU comme tout,

Ma - (rire, s’esclaffe)

O _ j’suis sûre qu’elle l’a pensé, juste après (Ma - Bon) quand t’as arrêté de faire la grimace, c’est ce qu’elle a pensé, seulement elle était, TELLEMENT ((montée)) inquiète que, elle a interprété d’abord la grimace et que, elle t’a mis cette idée dans la tête que tu n’étais pas content de la voir, alors que c’était peut-être tout autre chose (Ma - hmm) tu vois, le problème comment ça ( Ma interrompt) se passe...

Ma = Regarde là ((il s’agit du petit ours vibreur)), (O - oui) là ça peut reculer, regarde là ça va avancer ((bruit de chute))

O - ((chuchotte, incompréhensible))

Ma - Ouais, ça avançait avant, quelque fois ça fait, ah ((montée mélodique))..., un tout p’tit peu, et puis ça recule plus vite que ça n’avance.

O - Et toi qu’est-ce que tu fais (simultané) dans ta vie

Ma = ça avance (O - oui) J’avance.

O - T’es sûr ! t’es sûr sûr hein ! Parce que peut-être qu’il y a des moments où t’as reculé un peu, on ne sait pas, ((ton plus ou moins de confidence)) mais ça arrive quelquefois ((ton descendant))... On ne sait pas trop si on avance ou pas. Mais ça, c’est quand il y a quelque chose qui vous retient, comme là je le retiens. C’est pour ça qu’on n’arrive pas toujours à avancer bien. Alors il faut se débarasser des choses qui vous retiennent, et à ce moment là, on fait sa vie. T’as compris tout ça ? (Ma - oh ouais !) est-ce que c’était trop difficile à comprendre ? Non ! bon, ben, on peut revenir peut-être... est-ce que tu as compris... On va récapituler le langage.

Ya, le langage de la pensée, parce que la pensée, elle nous permet de dire des choses AUTREMENT qu’on le dirait ou LES dirait si, on ne les " pensait " pas. Tu comprends ça ? Et le problème des animaux, c’est qu’ils n’ont PAS, dans leur cerveau la capacité qu’on a de pouvoir PENser ((voix descendante)). Et ça, c’est grâce au langage humain, aussi, qu’on peut penser, parce qu’il nous donne un OUTIL pour penser. Alors, même si on ne pense pas, quand on est petit on est plus dans le langage du cœur comme les animaux...

Puis ya un moment où on se sépare parce qu’on fait marcher le langage. Et le problème des dyslexiques, c’est qu’ils ont un peu de mal avec ce langage, qui est, celui qu’on apprend à l’école... parce qu’ils continuent à se servir BEAUCOUP du langage qui est en eux du côté du cœur, de ce qu’on devine, de ce qu’on ressent, où on n’a pas besoin de tout bien... organiser avecle langage. On peut l’organiser mais... ((clic)),pas tout à fait pareil que ça se passe pour les autres. Tu comprends ce que je veux dire, et c’est pour ça que tu as eu tous ces... petits problèmes, qui font que t’esvenumevoir.((Enchaînement trèsrapide)).Alorsce qu’on va esssayer, c’est de mettre de notre côté les deux.

L’avantage, de penser du côté du cœur un peu plus (Ma - oui !) hein, où on comprend tout de suite plein plein de choses qui échappent aux autres. Les autres ils n’ont pas toujours, ils ne savent pas bien se servir de ça. Mais on va aussi apprendre leur façon à eux, parce que dans la vie ça aide beaucoup d’avoir une tête bien organisée...

Ma = (en même temps) il AVANCE (ton triomphant).

O - Voilà il avance. Bon maintenant, on peut peut-être s’en passer ((du petit ours)) hein !Manet. On va le laisser là. Il va te regarder et tu vas PENSER que tu t’en sers. Au lieu que ce soit ta main, c’est ta tête qui va penser.
Alors, tu vas te Représenter dans ta tête que tu joues avec et tu vas le sentir sur toi. Essaie.
Tu le sens sur toi ?
(Ma - Non !)
Non, non, non, non (Ma = (simultanément) cuac) ça c’est le bébé

Ma - Là je le sens !

O - Oui ! Et bien enregistre bien ce que tu sens (Ma = (aspiration) he !) et dès que tu l’auras enregistré, tu verras que tu peux le Ressentir, un petit peu différemment mais presque pareil quand il n’est pas là. Dès que tu te sens prêt, tu le mets là...

Silence. ((Bruit de ficelle pour le remonter plusieurs fois.))

O - J’aimerais que tu fasses un essai sans l’avoir. Est-ce que tu arrives à sentir quelque chose ?

Ma - ((Silence...)) un peu

O - Un peu. Alors à chaque fois on s’exercera hein. Pour que tu arrives à le sentir pour pouvoir ten passer. D’accord !
Bon, est-ce que tu es prêt. Oh la la. C’est très très tard. On pas quand même essayer de répéter deux lignes, deux paragraphes ((comme timidement)).

Ma - Deux paragraphes ! ((exprime presque de l’horreur...))

O - Ben regarde ! Il y en a un qui fait trois lignes et l’autre qui en fait 6 ! On va essayer de répéter tout ça. Tu laisses la balle !

Ma -

O - Essaie de la sentir. Tu peux le sentir ailleurs sur ton corps, au lieu de le sentir sur ta gorge, essaie de le sentir sur ton bras, sentir quelque chose qui ressemble...

Ma - On dirait que je le sens " un peu ".

O - Tu le sens un peu. Donc ça peut t’aider, à ne pas bouger dans tous les sens et à ne pas jouer avec la gomme. Parce que si tu jouais avec RIEN ta tête serait libre pour autre chose, hein, Manet ((enchaînement très rapide, ton très effacé)), non t’es pas prêt.
Bon alors si t’es pas prêt on travaille pas aujourd’hui ((ton d’évidence)) (
Ma = Si) pas maintenant.
Si ! Tu veux essayer. Alors je reprends. Et cette fois tu essaies de trouver comment faire marcher ta mémoire, pour, même si on le dit en deux morceaux, pouvoir le répéter tout entier après. OK !
" Nous nous sommes installés, /dans les marais de Floride

Ma - " Nous nous sommes installés, /dans les marais de Floride " (même ton)

O - " pendant les vacances de Noël "

Ma - pendant/ les vacances/ de Noël ((autre segmentation))

O - Reprends tout !

Ma - Nous avons, nous avons emménagé

O - Vas-y, continue

Ma - Nous avons emménagé ((nasonne de plus en plus)) dans la fleur de Floride,

O - Dans la fleur (Ma - hm (dubitatif)) de Floride ! Qu’est-ce que ça veut dire ?
Alors ((ton catégorique)). Tu sais le problème que tu as ; Manet écoute (
Ma = non en Floride) moi bien. Mais tu as essayé de retenir les mots. Tu as oublié de te faire du cinéma dans ta tête.
Silence
Tu sais de quoi on a parlé, on a dit " le loup /-garou,/ des marécages " "((segmenté)). Comment ça peut s’appeler " marécage "  ?
Silence
Marais (
Ma - hm (acquiesce)), ((ton didactique)) un marais, un marécage. Tu es d’accord, bien !
Qui c’est " nous " ?

Ma - Ben nous c’est... (O le coupe - dans l’histoire) Ben, ak, ben c’est, c’est le petit garçon..., sa maman... ((à peine articulé)).

O - Ben voilà. On va dire que c’est sa famille. Bon. ((Le téléphone sonne : " excuse-moi, je réponds ")). Alors on reprend. Tu as parlé d’un déménagement. C’est amusant parce que ça vous préoccupe dans ta famille ! hein ! Mais c’est pas le mot qu’on a utilisé parce, ils ont pas dit que...

Ma - nous avons aménagé ((ton très assuré)) dans Floride.

O - Floride, c’est quoi ?

Ma - Ben une ville !

O - Non c’est un pays. Mais à quel endroit ?

Ma - Silence

O - Ben, c’est une histoire de marécage

Ma - Ben ! C’est dans les marais ((ton parfait)).

O - Oui. Et alors qu’est-ce qui manque comme information ? Ben, à quel moment ? A quel moment ils ont fait ça ? ((relance))

Ma - heu...

O - ((changement de ton)) J’ai trouvé comment on va faire la, truc... Mais on va pas le faire aujourd’hui, on le fera la prochaîne fois. Hein ! On va travailler avec la phrase.
Long silence ;
Et on avait dit, nous nous sommes installés. C’est une autre façon de le dire. Tu vois ! D’accord !
Donc, ((changement de ton)). C’est bien d’avoir l’idée du verbe, même si tu le changes. Il vaut mieux garder celui qu’on lit,
mais POUR TOUT LE RESTE, ton problème, c’est que tu cherches pas... OU c’est, QUAND ça se passe, QUI EST-CE QUI le fait... Tu vois ! Il faut, avoir, quelque chose qui fonctionne dans ta tête qui t’aide à organiser ce que tu apprends. Et c’est ça qu’on va faire ensemble. Bon, ben voilà

La séance est finie, il va ranger le livre, l’orthophoniste va parler à la mère dans la salle d’attente...


Glossaire :


[1] Répéter cf. oubli : sur le plan technique, dans cette activité de lecture répétée, c’est à l’adulte de segmenter, selon les difficultés propre à chaque enfant, la longueur des segments proposés pour être retenus en mémoire immédiate (mémoire de travail en principe) et à s’adapter en fonction des difficultés de l’enfant à reproduire la forme exacte.

[2] Contrainte cf. agitation psycho-motrice : dès qu’il n’en aura plus besoin, il l’abandonnera, c’est un élément " distracteur " en théorie qui en fait l’aide à se concentrer sur la tâche. S’il se concentrait " totalement " il se " noierait " (serait dissous en quelque sorte).

[3] Articule cf. dysorthographie : les problèmes d’orthographe créent une effet de brouillage de l’information à transmettre et Ma dans sa parole, a également souvent une parole difficile à identifier du fait d’un nasonnement associé à une insuffisance articulatoire à certains moments : relâchement du tonus de base nécessaire au bon fonctionnement de la sphère oro-buccale.

[4] En roue libre : laisser fonctionner un automatisme d’imitation du bruit qui n’intègre qu’occasionnellement la valeur référentielle (symbolique ?) des mots reproduits et, en outre, brouillés par leur mode de réalisation.

[5] Deux sortes : le terme est impropre (niveau discours) modalités et même formes risquaient de n’être pas compris.

[6] Celle-là : dans ce dialogue, le déictique pose un problème de référence et l’ambiguïté est accentuée du fait d’un syncrétisme. Comme ci-dessus, les mots échappent parfois. Il s’agit d’une nominalisation de l’expression répéter bêtement et d’une expression chère à l’auteur qui oppose intelligence " bête " qui " sait " pour avoir " appris " et " retenu " le savoir-faire concerné et l’intelligence qui cherche à " comprendre " pour disposer de ce savoir faire et non apprendre des connaissances.

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