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Première publication : 1er novembre 2002, mise en ligne: novembre 2002, par Frederique Mattei


Voici quelques bribes de l’histoire d’une petite fille, S*, en rééducation individuelle.

S* est maintenue en CE1.

Suite à un bilan fait en juin, j’ai commencé à travailler avec elle en septembre.

En classe elle était perdue, éteinte, pleurait souvent. Fin de CE1, elle ne lisait pas. Elle a été suivie en adaptation d’une part, et en orthophonie 2 fois par semaine, d’autre part ; cela ne semblait pas suffire. Elle ne mettait aucun sens sur les apprentissages, pour elle lire c’était pour bien travailler, pour ne pas se faire "engueuler" et pour passer en classe supérieure. En juin dernier elle n’avait toujours pas compris le principe alphabétique.

Elle m’a dit détester ses maîtresses, 2 mi-temps. Quand elle a vu que je prenais des notes à ce sujet, elle m’a dit "t’écris pas ça", bien qu’elle sache que le contenu des séances reste confidentiel.

Le récit de S*
Elle m’a beaucoup interrogée sur les notes que je prenais (pourquoi tu écris, ? tu fais ça avec tous les enfants ? etc..) Je lui répondais que je gardais ainsi la trace de son histoire en rééducation. Je pense qu’alors elle a commencé à élaborer ( entre autre) son propre questionnement face à l’écrit.

Sa mère paraît être à son écoute. Cette dernière était ouvertement en conflit avec les maîtresses, qu’elle jugeait incompétentes et qui, selon elle, exigeaient des choses dont S* n’était pas capable parce qu’elle ne savait pas lire. En résumé le mère m’a confié : On lui demande de lire alors qu’elle ne sait pas lire et les maîtresses s’énervent beaucoup. S*. était ainsi prise dans une double contrainte, et peut-être un conflit de loyauté.Cette année elle a les mêmes maîtresses, mais cela se passe mieux.

Tous ces points (peur de l’écrit, représentation erronée de l’écrit, incapacité d’être seule, rapport au savoir, interdit de savoir, conflits psychiques) transparaissent bien dans son histoire.

Son récit initial m’est dicté à partir d’un dessin libre. Comme rituel de fin de séance, je demande aux enfants de faire un dessin et d’accompagner celui-ci d’un récit "l’histoire du dessin", s’ils le veulent bien.

"C’est le matin et il fait beau. Renardeau se réveille pour aller à sa nouvelle école. Il se perd en route parce qu’il ne connaît pas le chemin et les panneaux [1]lui disent n’importe quoi parce qu’il n’arrive pas à les lire.Et puis, il rencontre un arbre couverts de cerises, bien rouges, bien mûres.

Renardeau les mange vite, vite, vite... Et après il commence à pleuvoir et Renardeau rentre vite chez lui. Sa maman lui demande : "C’était bien l’école ? T’as bien travaillé ? Qu’est-ce que tu as appris ?" Il lui répond : "Mais, Maman, j’ai oublié d’aller à l’école, je me suis pommé en route, je n’arrivais pas à lire les panneaux..."

Elle l’interrompt et le dispute : "Sale renard ! Vas-vite dans ta chambre et vas mettre ton pyjama. Si tu savais lire, au moins tu ne te serais pas perdu. C’est pour apprendre à lire que je t’envoie à l’école ! S* le 10 octobre.

Ma relecture, avec le ton théâtral qu’il se doit, est toujours un moment de plaisir pour l’enfant.S* a adoré son histoire et me l’a fait lire plusieurs fois... Elle me disait : "c’est beau, c’est pas moi qui a fait ça !"

Le récit de S*
Toujours S*, la séance suivante à une semaine d’intervalle, elle décide de choisir comme support de médiation la pâte à modeler, et spontanément désire me dicter un récit . Tous les éléments de l’histoire sont d’abord réalisés en pâte à modeler. Elle verbalise peu en faisant, mais me dit, l’air réjoui "attends, tu vas voir un peu l’histoire !" Il semblerait que son questionnement porte sur les dangers que peut représenter l’écrit et l’entrée dans la connaissance, dans le savoir.

On pourrait aussi entrevoir le sentiment de dépossession de son désir par autrui : on se trouverait alors aliéné (au sens de être rendu autre) et réduit à l’état d’objet, subissant la situation. Mais ne doit-on pas se plier au code et à la règle pour apprendre à lire ?...

Difficile pour cet enfant (et beaucoup d’autres...) de trouver le juste milieu pour apprendre à lire : d’un côté accepter le code et les règles et de l’autre construire du sens en se servant non seulement des matériaux du texte, mais aussi de ses connaissances, de son histoire, de son vécu.

C’est une sorcière. Elle va près de sa porte, elle s’aperçoit qu’il y a un bonhomme qui essaye de regarder ce qui se passe dans son jardin. En fait il avait lu son nom sur une plaque [2] de la porte :

Madame STOC - Sorcière - Rendez-vous tous les jours à 5 heures

Il y avait des araignées sur la porte. Il croyait que c’était une blague, il voulait voir et il voulait savoir. Il l’a vue [3] et s’est aperçu que c’était une vraie sorcière. Il regarde, la sorcière boit sa potion magique, récite sa formule "caca dabrac" et le transforme en tapis qu’elle met près de son lit. C’est son premier personnage qu’elle a capturé. S* le 17 octobre


Bibliographie traitant de l’écrit en rééducation :

L’ERRE N° 18 : Écrire

L’ERRE N° 19 : Écrire, encore


[1] Les panneaux qu’elle avait dessinés étaient couverts de gommettes avec des signes contradictoires (une flèche indiquant une direction, une autre flèche indiquant une direction opposée)

[2] S* est allée 2 fois par semaine en rééducation orthophonique l’année précédente, lors de son premier CE1

[3] Sous la dictée, j’ai transcrit : "il l’a vue", dans l’après coup, j’ai pensé que cela aurait pu être "il a vu"...

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