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Une brève prise en charge
LES LIMITES
vendredi 8 mai 2009, par J Zwobada Rosel


Chercher comment remédier à certaines erreurs passe par la capacité à les analyser en entrant dans le détail de ce qui gère nos relations à autrui en tenant compte de l’analyse du contexte... tout comme on le ferait pour l’orthographe !

Nous nous sommes vues 10 fois, bilan compris.

La motivation de la demande
Compte tenu de ses responsabilités, ses supérieurs hiérarchiques lui ont demandé de se faire rééduquer. Le bilan confirme les difficultés. Elle voudrait comprendre... ce qui lui arrive. Elle le vit comme une disqualification.

L’orientation de la prise en charge
Lorsqu’elle vient, Sy est traitée pour un état dépressif. Un fois confirmé le diagnostic de dyslexique dans une discussion qui initie ce qu’elle "raconte" dans son témoignage, l’urgence ne sera pas dans la présentation du système de la langue pour arriver à en maîtriser l’écriture, comme cela s’est passé avec Sonia, mais dans comprendre les rapports entre affectif et cognitif... dans un fonctionnement de dyslexique.

Connais-toi toi-même

Identifier son fonctionnement
Face à sa dépression, je lui ai proposé ainsi, dans une première séance, des informations sur les rapports corps/psychè, l’importance pour elle, dyslexique, de passer par des images qui lui permettent de saisir la valeur des mots. Nous nous centrons à cette première rencontre sur les verbes modaux : pouvoir, vouloir, devoir, savoir.

Dans sa relation aux modalités de "faire"
Il s’agit pour elle de réaliser sa façon d’être qui va passer par un travail sur les verbes modaux. Comment se positionne-t-elle dans ce qu’elle fait ? Sous le signe de l’obligation ? Va-t-elle comme Max, devoir passer de l’impersonnel à l’implication personnelle, de "il faut" à "je dois" ? Elle transformera plus tard "devoir" en "être capable", substitut de "pouvoir". Dans son témoignage nous n’avons retenu que les illustrations des deux qui l’ont le plus inspirée "vouloir" et "savoir". Elle les classe "vouloir+++ savoir++ pouvoir+ Devoir-".

Autre registre, celui de son désir propre.
Lorsqu’elle dit "vouloir" je laisse entrevoir différentes interprétations, s’agit-il d’une volonté de fer, d’un passage en force, ou d’un rapport à soi-même, d’une motivation à être ?
-  Que faire de ces mots du côté de leur "forme" : elle décide de les écrire, du moins les deux qui l’accrochent (vouloir savoir). Elle a pour consigne de "jouer" avec eux (cf. témoignage).
Côté sens, avec la même consigne de jeu, elle les illustre, mais nominalise "pouvoir" après avoir rayé devoir, et illustre la force, le pouvoir, la loi, la représentation, mais aussi contextualise le mot, pouvoir sur le temps, possibilité d’aller (dans un lieu paradisiaque). Quant à "Devoir...", elle colle sa carte de visite du Centre "Directrice".
Ce passage par une nominalisation la ramène à sa situation actuelle et à la disqualification qui l’a amenée à consulter : son incapacité du point de vue de sa hiérarchie...
Dans une série associative, après les illustrations puisées dans un contexte social, elle a mis des mots, des expressions pour chacun. Pouvoir, reste verbe : "possibilité ; essayer ; réussir où ne pas y arriver, apprendre faire où arriver à faire les choses correctement où pas. pas de notion d’obligation de nécessité « pouvoir c’est infini ont peut tout... essaye »".
Dans l’analyse de la sonorité des mots qu’elle a envisagée ensuite dans son "jeu" avec les mots, elle distingue devoir et pouvoir (occlusives) “sec” alors que le v et le s glissent plus “doux”.

Dans sa relation à ses propres valeurs
La séance suivante nous abordons ses valeurs personnelles à partir d’un texte qui permet également de traiter indirectement le sentiment de culpabilité. [1]... Puis je lui propose une réflexion sur « Le bonheur » à partir d’un poème d’adolescent [2]. Au cours de notre discussion j’avais évoqué le fonctionnement du cerveau, montré des images des localisations. Je lui propose en fin de séance une métaphore :
Dans un chemin de vie, il n’y a pas de route directe, j’esquisse la métaphore du gué. Il faut sauter de pierre en pierre, il y a de mauvais passages.
-  Elle essaiera de mettre le bonheur en image : une tête de femme, le haut de la tête, à la place des cheveux, évoque une frondaison, parsemée de bulles dont deux où figure le mot bonheur. Quelle synthèse de notre travail !

Dans ses relations aux autres

Analyse d’un premier changement : prise de parole dans un groupe
Elle ne peut se libérer avant trois semaines. Elle arrive apaisée, heureuse de raconter ce qui s’est passé lors d’une réunion annuelle de synthèse de différents groupes correspondant au sien. Elle était "rapporteur" du sien. L’analyse lui permet de réaliser qu’elle a un nouveau fonctionnement : elle sort du « narratif ».
Au niveau de sa parole, nous expliquons la distance qu’apporte la mise en mots. Quelles sont les positions des 3 personnes du point de vue de la communication, je tu il, lorsque le sujet "je" parle à "tu" de "il", non présent dans la situation interlocutive. Pour l’analyser, je lui demande de quel point de vue elle avait pris la parole :
elle s’est sentie portée par son propre groupe, [3] car ayant repéré les points essentiels avec eux au préalable, elle avait pris conscience en écoutant les autres rapporteurs de l’aspect répétitif des expériences et s’en était tenue à "synthétiser" en quelque sorte ce que chacun des autres rapporteurs de groupe avait "raconté" [4].

Retour sur soi : amorce de "son histoire"
Elle ne peut venir avant quinze jours. Elle vient avec un cahier où elle a commencé à s’exprimer par écrit, et au lieu de rédiger le témoignage demandé de son vécu de dyslexique, elle s’est retrouvée en train de reconstruire son histoire d’enfant.
Les émotions qui sont ainsi réactualisées font évoluer nos échanges sur le chemin d’une "relation d’aide" et un retour sur le type de relations qu’elle a pu vivre dans son enfance.
Je lui propose une image pour l’aider à organiser tout ce qui l’envahit alors et la déroute que provoque tout ce qui surgit en évoquant les relations qu’elle a pu avoir avec ses proches, ce qu’elle perçoit maintenant des leurs..., sans poser un cadre thérapeutique spécifié [5] : ce réseau relationnel serait comme un casse-tête vu de différentes places.

Retour sur "soi" dans un groupe
Quinze jours plus tard, la vie continue, elle vient avec un questionnement sur sa place dans ses fonctions professionnelles. Que se passe-t-il ? Comment réagir au cours de ces réunions qui dévient, où certains se dressent les uns contre les autres etc... ?
Sa demande du jour renvoie à deux types d’informations.
-  Sur le fonctionnement en "dynamique de groupes" : c’est l’élément marginal qui donne sa cohésion au groupe en déterminant un intérieur et extérieur du point de vue de l’intégration à ce groupe.
-  Sur elle-même, sur ce qui la gêne dans ses réactions : j’insiste sur le défaut d’inhibition qui l’amène à réagir impulsivement, et sur la nécessité de poser un cadre. Nous pointons un certain nombre de problèmes de communication : en plaisantant nous suggérons de collaborer pour écrire un "guide pour enfants" qui doivent "faire avec" une mère dyslexique.

Analyse d’exemples de dysfonctionnements
Quinze jours plus tard, le point que nous faisons nous fait aborder certains des problèmes qu’elle rencontre dans son travail d’abord puis avec son fils adolescent. Je lui propose une analyse sous forme de mise en « tableaux », schémas hiérarchisés au tableau sur le mur. En établissant des liens entre les faits qu’elle décrit, elle voit apparaitre les "dysfonctionnements".
— Dans le cadre de son travail. Nous travaillons sur le bilan de fonctionnement de l’équipe. Un élément de cette équipe entraîne un dysfonctionnement :
-  l’analyse confirme que cette personne a un fonctionnement fusionnel ce qui mobilise "affectivement" toute l’équipe sur ses problèmes personnels au lieu de s’en tenir aux responsabilités professionnelles de chacun.
— Au niveau personnel sur la relation à son fils de 14 ans qui, ayant un examen important n’a pas travaillé mais "tchatché" : elle a une réaction violente, elle claque l’ordinateur et le casse, et se culpabilise.
-  L‘analyse de l’évolution de leur relation permet de donner un sens à sa réaction. Elle a compris qu’elle a un mode de relation encore souvent fusionnel et part restaurée de l’avoir compris.

Méthodes de travail et différences de fonctionnement
Un mois plus tard elle met sur table le problème de l’organisation de données. Au travail, les autres ne comprennent pas ses classements. Nous devons revenir à l’analyse de sa façon de comprendre, qu’elle doit reprendre ce qu’elle fait intuitivement en l’intégrant dans une procédure accessible à d’autres.
Il lui faut tout avoir sous les yeux, ce qui choque : introduction d’éléments de codage pour l’en dispenser.
-  Il s’agit bien de sortir de la simultanéité pour inscrire un début de hiérarchisation.

Mise en œuvre de la "séparation"
Après les vacances, près de deux mois plus tard, elle demande à comprendre ce qui se passe dans son équipe : notre analyse mettra en évidence la nécessité de passer de la fusion à la « séparation ».
Un 2e membre de l’équipe a pris le relais de celle qui était partie (leur relation était très fusionnelle). L’analyse permet de comprendre ce qui ne va pas (sur le plan des absences et de la pratique) mais il faut préciser les mots pour en discuter avec l’intéressée.

La discussion suivante sera téléphonique
Si elle assure beaucoup mieux le travail relevant de ses fonctions, elle se trouve dans un contexte hiérarchique qu’elle respecte mais que transgresse son supérieur direct du fait de sa relation fusionnelle (elle aussi) avec l’élément perturbateur qui posait problème à l’équipe.
-  Professionnellement le vécu de disqualification se réactualise mais a pour effet d’entraîner une certaine ambivalence comportementale ce qui se confirmera à l’entretien suivant.
Et pourtant, sur le plan personnel, son fils va pouvoir voler de ses propres ailes, au lieu de lui imposer son propre désir de l’accompagner, elle lui a posé la question de savoir ce qu’il voulait qu’elle fasse pour l’aider (entretien capital pour un stage de réinsertion en vue d’un CAP).
-  Elle prend conscience que le problème vient d’elle pour qu’il s’autonomise en lui posant la question de son propre désir à lui, au lieu de lui exprimer le sien.

Amorce d’une "répétition" de la disqualification
Elle rend compte la séance suivante de sa difficulté à gérer tous les conflits.
Si elle a assuré à une Réunion générale bien que son rapport n’ait as été revu par la responsable hiérarchique
il y a résurgence de l’affectif car elle est déstabilisée par un coup de téléphone de la veille qui l’a replongée dans un passé qu’elle pensait distancié. Et elle fait part d’une autre réunion où elle s’est disqualifiée en « réagissant », en transgressant une relation hiérarchique.
-  Les rapports hiérarchiques se retrouvent au premier plan. Elle réussit malgré l’absence de soutien de sa hiérarchie mais s’effondre lorsque des difficultés de sa vie personnelle qu’elle pensait avoir dépassées resurgissent.

La dernière séance de travail se fera un mois plus tard au téléphone car elle a besoin de rechercher des stratégies pour résoudre ce qui est devenu la crise.
Dans un premier temps elle parle d’un stage où elle avait le statut d’évaluateur. Elle a très bien perçu le déplacement de point de vue des animateurs, leur absence de centration sur l’enfant.
-  Elle a des outils d’analyse pour observer et se situer. Elle n’a pas à se disqualifier professionnellement.
Je réalise un long enregistrement car elle me dicte le témoignage de son évolution à travers ses prises de conscience.

Mais sa vie la rattrape dans une dimension trop personnelle pour être développée dans cet article centré sur un "fonctionnement de dyslexique adulte" [6].


[1] Qui est responsable de l’assassinat de la femme adultère ? L’amant avec qui elle était, elle-même, le mari qui l’a laissée seule, le passeur, le fou qui l’a tuée ? Ce que lui a apporté ce travail ? Elle écrit "Avoir une opinion personnelle sur une histoire comme celle-ci nous oblige à nous identifier à l’un des personnages et à prendre la place de l’amant la femme le mari le fou le passeur et à imaginé comment on réagirait à sa place, se mettre à la place de et essayer de réfléchir comme si c’était nous-même à qui cette histoire arrivait. Divergence d’opinions."

[2] Il venait d’être choisi dans un livre par un dyslexique sur le critère du titre peut-être mais surtout en tant que texte le plus court. Il donne un support en image, dans les représentations d’un élève de 6e. "Un bel arbre rougeoyant/ éclate dans ma conscience/ je suis libre et je ne manque de rien/ je suis heureux d’être un homme/ je suis content de vivre et de jouer/ je suis heureux. Laurent

[3] s’adressant à eux en quelque sorte, en les regardant plus que ses papiers.

[4] Il s’agit d’une différence de modes de pensée : descriptif/narratif qui s’oppose à hypothético-déductif/paradigmatique. (Bruner)

[5] comme "entreprendre" une psychothérapie

[6] Situation fusionnelle au départ, quiproquos au niveau de la communication, elle ne pourra faire face et notre travail s’arrêtera là où il avait commencé en quelque sorte, parenthèse dans un état dépressif qui a du être traité pour lui-même, indépendamment de ce travail sur soi-même, comme me l’avait indiquée l’une des premières adulte à intervenir dans nos discussions de dyslexiques.


Dans la même rubrique :
Introduction aux témoignages d’adultes
Le « témoignage » en question




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