l'apprentissage en question
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ENTENDRE De la lettre au son CONFLIT D’APPRENTISSAGE mercredi 26 août 2009, par J Zwobada Rosel Où en sont Laure (2e CE1) et Youcef (Seconde technique) dans leur difficulté à mettre en jeu le canal auditif dans leur relation à l’autre et à l’écrit, deux ans plus tard ? A quoi peut-on rapporter les erreurs de différenciation sourdes-sonores qui persistent ? En quoi un entraînement technique ciblé n’a-t-il pu suffire ?... [1] Où situer les résistances ?♦ Psy et dépendance● "EXISTER" POUR LAURE L’approche par le corps
Le travail indirect : autres modes d’expression
L’approche du contexte de vie
La suite de la prise en charge permet de formuler des hypothèses sur la mémoire et sur les difficultés rencontrées (24/06/11). ● "S’ORGANISER" POUR YOUCEFLa hiérarchisation des priorités semble au cœur des difficultés de gestion du temps que rencontre Youcef. Il vit dans l’instant... et ne réalise pas qu’il est ainsi dépendant [4]... et passe son temps à laisser s’effacer ce qu’il dit avoir appris. Comment apprend-il ? Je n’arrive pas à comprendre comment il s’y est pris pour apprendre ? Que se passait-il dans un contexte scolaire ?
Mais sa production spontanée restait et reste encore limitée et banale. Il ne prend pas de risque car il continue à "penser" que "écrire, c’est ne pas faire de fautes !" Il le précise dans son témoignage "Youcef et la langue écrite". Comme dans toute prise en charge de DL j’ai cherché pour lui à développer ce qui entre en jeu dans l’acquisition de l’écrit. Mon erreur a sûrement été de considérer son âge et son niveau scolaire. Si je suis repartie de la base, j’ai pensé qu’on pouvait aller plus vite, ne pas tout reprendre à zéro de ce qu’on appelait les pré-recquis, au programme de la maternelle, considérant qu’il devait avoir, à la différence des non-lecteurs, le cadre cognitif nécessaire à l’apprentissage [5]. Un calepin visuel ?. Pour les enfants qui n’arrivent pas à fixer un lexique de base pour l’utiliser de façon automatique, j’utilise quelques stratégies classiques reposant sur la construction des mots à partir de leur décomposition/recomposition en mots de la même famille, le repérage de mots connus dans le découpage syllabique, le rappel des règles de lecture et les séries verticales qui permettent de faire correspondre les parties communes. Les enfants sont souvent intéressés, ils jouent avec comme avec un puzzle, nous les découpons, recollons, ils se trouvent repris dans des exercices ou des jeux sur ordinateur... Avec Youcef, compte tenu de son âge et de son niveau scolaire, j’ai privilégié l’utilisation directe de l’écrit et un questionnement métalinguistique, voire métacognitif, en essayant de l’amener à une prise de conscience du fonctionnement de la langue, de son propre fonctionnement mental (ses stratégies d’acquisition).
Il aurait préféré, lorsque je lui expose une méthode qui fait apprendre et réciter d’immenses listes de mots, que je lui donne des listes à apprendre [6], mais je lui fais remarquer qu’il n’a jamais appris celles que nous avions construites dans le contexte de notre travail, sur les carnets correspondants, il n’a appris que pour l’école et ne sait pas retrouver ce qu’il a ainsi appris ! Les difficultés d’évocation Les premières séries que nos avions faites portaient sur les mots en -eur, puis en -tion, et j’ai du passer aux séries de mots grammaticaux, paradigmatiques comme les possessifs, dictés d’abord, et même ensuite car il a trop de mal à retrouver ces mots, même dans une phrase à trou, pour faciliter leur remémoration par le contexte. Ces deux entrées, développement d’un lexique automatisé et capacité de rappel, se révèlent de fait essentielles pour permettre l’autonomisation dans la langue, et, dans le cas de Youcef, vont de pair avec sa résistance à sortir d’une relation de dépendance.
Le rapport au contexte Le rapport au temps
La résistance au changement
D’un point de vue existentiel, dans son mode de relation à l’autre, Youcef n’aurait pas construit le temps de l’autre, et se situerait ainsi dans l’instant tout comme Manu*, sans intégrer les techniques de gestion mentale que nous avons expérimentées également. Il les "voit" de l’extérieur mais n’en fait rien [8]. Tout comme il oublie les mots qu’il a construit dans des "séries". Ce savoir sur lui et son fonctionnement, issu d’explications, schématisations etc. dans des discussions, ne change rien. D’un point de vue cognitif, il n’arriverait pas à se programmer pour mémoriser ce qu’il serait important de faire passer en mémoire à long terme (susceptible d’être rappelé). Il oublie, comme s’il voulait faire de la place, explication que m’a apportée Manu*, effaçant les leçons apprise pour être récitées, ce qui souligne la surcharge cognitive mobilisée pour retenir et les affects associés à l’effort dont ces dyslexiques voudraient se libérer. ♦ MémoireAttention et investissement de la tâche, mémoire immédiate et mémoire de travail, différentes entrées perceptivo-motrices, actualisation d’un savoir métalinguistique, mise en relation de tous ces éléments d’inventaire, si Laure y parvient de mieux en mieux, après des débuts plus que difficiles, cela reste plus que problématique pour Youcef. Représentation et expression en question Nous avions lu, commenté l’article où je mettais en évidence la dépendance de Youcef à sa mère. Nous avions reconstruit le schéma de la parole, de l’écrit pour expliquer les mots utilisés (article détaillé). Il y avait bien eu un effet choc, mais le temps restait le temps de l’autre, il disait comprendre mais aussi ne pas comprendre, conscient que quelque chose d’important lui échappait. Il savait... ce que je reformulais en -croyait savoir-.
Le déclic ? Entrées pour le "lâcher prise" J’avais cru que ce moment tant attendu était arrivé en début d’année scolaire, mais il n’en était rien. Il n’investissait toujours pas les séances comme un lieu d’apprentissage, se contentant d’être là dans l’instant et de participer, à sa manière, consciencieusement, mais sans lendemain. — De "Programmer" L’écrire
Apprendre et retenir
— A "se programmer" Il dit toujours que c’est OK, mais il me semble encore très "dépendant".
— "S’exprimer" Il s’agit là aussi de revenir à son corps, dans son problème d’expression, à la voix, car le plus souvent elle redevient inaudible, et son propos incompréhensible. — Nous abordons ce problème avec le support d’un livre qu’il veut bien lire à haute voix.
— Nous entrecoupons cette lecture laborieuse des premières pages (une par séance !) par celle d’un ppt intitulé "D.A.D.A." centré sur le fonctionnement de la mémoire des quadragénaires et des quinquagénaires. Je le lui ai proposé en réponse à son oubli de ses documents de travail, une fois de plus.
— Nous reprenons alors la quatrième de couverture du livre qui synthétise ce que nous avions lu dans les premières pages. Sa voix est là, le sens va arriver aussi. A l’occasion de sa première erreur de lecture, "se baignent" pour "se plaignent"nous reprenons ce qui lui pose problème dans sa stratégie de lecture. Pourquoi s’est-il trompé ? Il l’exprime à sa façon : "c’est un mot dur" et explique "il se prononce à peu près pareil". Il ajoute alors "je ne l’ai pas souvent vu et entendu". Le singulier souligne la paire. Il est bien entré dans le métacognitif.
Deux parcoursPour l’un comme pour l’autre il a fallu passer par le corps et travailler sur les contextes de vie. D’âge différent, l’approche n’a pu être la même, car il n’était pas possible de faire intervenir une guidance parentale pour Youcef, ni de lui permettre de "changer" par le jeu sur un autre matériel que la langue. Une approche psychomotrice a permis à Laure de prendre conscience de son existence corporelle et de dépasser les problèmes d’expression orale qu’elle présentait au début de la prise en charge.
Youcef a ainsi enfin reconstruit lui-même les paires minimales des oppositions sourdes sonores, à partir de la correction d’une erreur sur p/b, il reconstruit les autres par leur articulation, guidé par l’évocation des lignes, avec leur dessin de la bouche, la position de la langue. De son point de vue, la différence f/v reste la plus difficile à réaliser, même si les autres sont encore incertaines du fait des variations contextuelles des c/g, et du s. Cela s’est passé dans un dialogue à 3 : mes questions, le livre et lui. Un vrai dialogue. Il se souviendra peut-être du tableau à la prochaîne séance [11] et continuera à poser sa voix. L’évolution de Laure et de Youcef semblent leur avoir permis d’arriver à connecter le voir et l’entendre pour "lire", construire du sens, même s’il leur faut encore parfois se reprendre en "déchiffrant" certains mots. Ils lisent autrement. NDLR
[1] Deux articles complémentaires donneront le détail de ce que cet article tente d’analyser de la résistance au changement de Laure et Youcef. [2] guidance technique sur comment lui faire apprendre (le travail du soir), jouer ensemble, dans une relation où les parents peuvent parler d’eux-mêmes le cas échéant (deuil de sa mère pour la mère, enfance d’un père, fils de militaire) [3] S’il a été heureux de pouvoir parler de lui-même au cours d’une séance, entendre quelques remarques sur ses relations à sa fille, il continue à mener sa vie sans trop tenir compte des autres. [4] Un premier article, centré sur "entendre les consonnes" avait souligné l’importance de la relation à la mère et illustré ce que j’appelle "Les Pénélopes de l’apprendre"... Cet article reprend les co,nfusions qui persistent en interrogeant les processus en jeu. [5] Avec ces derniers nous avions effectivement tout repris, y compris pour certains le fonctionnement d’un tableau à double entrée ! [6] J’imagine que le fait d’apprendre lui procure un certain sentiment de sécurité. [7] Ses nombreuses paralexies signent bien une appréhension visuelle de dyslexique. [8] J’insiste sur la différence entre "voir" et "percevoir" comme si la mémoire structurait ce qu’on voit d’une autre façon qu’une simple reconnaissance intuitive de ce qu’on a vu. [9] Nous revenions souvent à la figuration proposée des fonctions cognitives impliquées dans le fait d’apprendre. cf. Pour apprendre à mieux penser de Pierre-Paul Gagné, Chenelière éducation p.68 [10] Jean Perrier "Vox thérapie" Retz 1985 [11] Hélas, il commence à travailler, a ses cours de conduite et va reprendre le lycée et la boxe. Je risque de ne pas le voir souvent. |
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