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GUIDE DE LECTURE
lundi 22 septembre 2008, par J Zwobada Rosel


Quel crédit accorder à un témoignage pour faire avancer la problématique du lire/écrire ? Que ce soit sous forme de récit écrit ou construit dans des échanges dialogiques... Comment se retrouver dans les informations qu’apportent ceux que présentent ce site ?

Témoignage, pour qui, pour quoi et pour quoi faire ?

« Nous avons tous et chacun une biographie, un récit intérieur - dont la continuité, le sens, constituent notre vie. On peut dire que chacun de nous construit et vit un "récit" et que ce récit est nous-mêmes, qu’il est notre identité. » (Sacks)

Avant-propos

Avant de présenter des témoignages d’adultes [1] je m’interroge sur la place qu’ils peuvent tenir dans une discussion sur le genre récit [2]. Quelles différences établir entre témoignage, interview, récit et récit de vie, autobiographie, anamnèse dans un contexte médical, et biographie dans le fait de se dire, parler de soi pour raconter son histoire ?

Témoignage évoque différents secteurs : juridique et journalistique par exemple. Il s’agirait de rendre compte d’un évènement dont on peut témoigner du fait d’avoir été présent, plus ou moins impliqué, non impliqué, et de la place des affects pour rendre compte de la pluralité des témoignages.
Cependant le témoignage peut s’inscrire explicitement dans un dialogue, en réponse à une question et plus souvent encore dans le cadre d’une interview. Du côté de l’interview on va de la manipulation à l’étayage (plus ou moins neutre) de l’expression de l’autre.

Ce que je cherche à retrouver dans un témoignage est un point de vue subjectif, certes, mais authentique sur le contenu de ce qui a été vécu par le sujet qui témoigne, ce qui pose la question de la finalité de ce témoignage. Dans les cas qui m’intéressent, ceux de sujets dyslexiques, le fait de parvenir à organiser sa pensée pour que l’autre puisse saisir ce qui reste si difficile à exprimer est une performance qui n’a rien à voir avec un texte littéraire.
-  Il y a donc la question de l’autobiographie et de son rapport à d’autres formes de témoignages ou de textes de récits de vie.
-  Autre question, celle de témoigner oralement ou par écrit.
-  Le témoignage écrit sans demande explicite.

Mais quand il s’agit de dyslexiques leur texte même peut-il être intelligible ?

PROBLÉMATIQUE :

Dans la mesure où, en tant que praticien chercheur, je suis en situation de rendre compte d’une évolution, je dois m’interroger, comme tous ceux qui écrivent sur quelqu’un d’un point de vue autre que statistique, sur la place de la reconstruction des informations, ce qui pose le problème 1) des sources et 2) de l’interprétation du texte produit.

La reconstruction des informations

Pour ma part, dans mon expérience de ce que j’observe de l’utilisation de la documentation disponible pour rendre compte de ce qui a pu se passer dans un champ historique, cette documentation reste fragmentaire et devrait tenir compte du point de vue des acteurs et témoins de l’époque analysée, car le texte écrit, document, qui sert de support à l’analyse, a prescrit certes mais ne dit rien de la façon dont il a été utilisé.
Si je prends comme exemple celui l’enseignement en Algérie après l’Indépendance, j’ai pu remarquer l’écart entre un travail sur des documents officiels, législatifs, et la situation telle qu’elle s’est passée en confrontant ce qu’a publié Grand-Guillaume et ce que pourrait être mon propre témoignage car j’ai participé à de nombreuses réunions (IPN, Ministère etc...), et repris des recherches réalisées à l’époque dans le cadre de ma propre thèse d’alors sur la lecture en langue arabe chez l’enfant algérien...

J’évoquerai un certain nombre de problèmes qui ne me concernent pas directement dans ma pratique avec des patients mais peuvent intervenir dans le cadre d’une activité d’écriture ultérieure qui rendrait compte de mes hypothèses les concernant.
-  Il y aurait donc le problème de la vérité historique et scientifique.
-  C’est aussi celui de la reconnaissance par le sujet de son histoire (cf. biographie) lorsqu’elle a été reconstituée à partir de documents :
le problème ne se poserait en fait que quand la biographie est écrite du vivant de celui dont on parle et qu’il peut donc donner son point de vue. Il y aurait les faits qui relèvent d’observables mais font abstraction des affects qui leur étaient associés et qu’on ne peut définir objectivement.
Est-ce important que le sujet se retrouve (conscience de soi) dans ce qu’on dit qu’il est, puisque c’est en fait un de ses aspects qu’on cherche à « montrer » ? et ce que l’autre en perçoit n’est qu’une des facettes d’un prisme que retient le « miroir » que j’évoquais en introduction au chapitre sur le récit, [3] en discutant le "moi" d’un dyslexique.
-  Il y a donc un problème déontologique de respect de l’autre lorsqu’on parle de lui, pour lui etc...

Mais qui est l’autre devenu objet de discours ? Peut-il le savoir lui-même ?

« De l’éthique » qui pourrait/devrait être réfléchie dans une société « techno science » où l’évolution montre l’incidence de la politique et de la morale sur son fonctionnement. [4]

Ce qui est "à dire"...

Quand l’autre ne parle plus à votre place, quelle est la sienne lorsqu’on témoigne sur soi-même ? Est-on libre de ses choix, (conscients et inconscients en particulier dans le champ de la pathologie en référence à une approche psychanalytique donc), au niveau du discours ?
La question se pose de ceux qui seraient intentionnels et/ou involontaires pour sélectionner ce qui est à dire.
Cette approche renvoie à la finalité du « dire ». Dire pour montrer ou « se » montrer, même si le sujet « se » marque dans la forme (et parfois le choix) de ce qu’il essaie de montrer.

Pourquoi m’intéresser aux témoignages sur la dyslexie dans une recherche ? Les documents la concernant abondent.
— Documents audio-visuels : dyslexiques vus à télé (poids de l’image et sélection du montage, effet de mode) et autres témoignages sollicités dans des interviews, en particulier dans une pratique orthophonique, anamnèse et témoignage.
— Documents écrits : témoignages d’autistes, voire de dyslexiques (article, livre...) et maintenant sites.
— La question des biographies : j’observe comme un délire d’écriture, le besoin de tout relater sur les personnages médiatiques, cf. A. Delon qui conteste (2004). Les « affaires » pullulent ?

Ce qui est dit, écrit, signifie mais cette signification est-elle seulement fiction ou informe-t-elle également sur son auteur non seulement par sa forme mais par son contenu ?
Quelles différences entre témoignage, interview, récit et récit de vie, autobiographie, anamnèse dans un contexte médical, et biographie ?
Quels sont les indices qui permettraient de l’objectiver au-delà de la subjectivité de son auteur-réalisateur ?

Je me centrerai sur ce qui me concerne dans ma pratique et donc la problématique de la relation au langage en relation avec l’histoire du sujet qui s’exprime.

Je vais donc présenter des exemples de témoignages d’adultes afin de vérifier non seulement la diversité des manifestations de la dyslexie et son importance en tant que mode de construction identitaire, mais, également, pour rechercher le type de relation entre oral et écrit dans le genre particulier de ce qui pourrait être « récit de vie ». L’un des exemples, écrit dans un cadre rééducatif, permet d’évaluer l’aide qu’apporte l’étayage du dialogue avec l’autre pour saisir la pertinence du « à dire ».

Je terminerai cet avant-propos par une question sur la valeur heuristique du témoignage dans une approche "linguistique".
Qu’entend-on par-là du point de vue d’une psychologie ordinaire, car il ne correspond pas à une démarche scientifique ? Peut-il apporter des arguments dans une réflexion sur les conduites linguistiques, la forme qu’elles peuvent prendre dans certains contextes, en particulier celui de la dyslexie ? Il s’agit bien d’écrire, dans tous les sens du termes et non uniquement du point de vue de l’orthographe. Forme et fond restent liés pour permettre de se faire comprendre.

Guide de lecture

PLAN DU DOSSIER ADULTES DYSLEXIQUES [5]

1. Témoignage de départ « Parcours sans issue » ?
• « Le témoignage en question »
• « La mémoire en question »
• Discussion sur le fonctionnement DL (enseignant et orthophoniste

2. Témoignages recueillis et discutés sur le site.
• Du « technique » : Carine, Catherine : « la dyslexie est pour moi un défaut », et Frédérique (orthographe)
• À la personne : Valérie, Marie : « Une erreur humaine ».

3. Témoignages et suivis thérapeutiques.
• Sonia
• Sy : « Une re-naissance »
• Christiane : « Se réconcilier avec soi-même »

Dossier 1 - Le témoignage de départ et son évolution (2)

Témoignage de départ « Parcours sans issue » ?

Le témoignage en question

Dossier 1 bis - BEC 96 et discussion du fonctionnement DL avec un enseignant (2)

Mémoire et évocation. La mémoire en question

Du témoignage sur la dyslexie

Dossier 2 - Témoignages recueillis et discutés sur le site

Point de vue plus technique

Valérie : Fonctionnement de type dyslexique (2)

Catherine : « La dyslexie est pour moi un défaut »

Frédérique : « Orthographe »

Dossier 2 bis - Centration sur la personne

Marie : « Une erreur humaine »

Carine : Fonctionnement de type dyslexique

Dossier 3 - Témoignages écrits et prises en charge

Sonia
Texte écrit inséré dans un entretien (extraits)

Dossier 3 bis

Sy
Texte écrit en cours de prise en charge, remis au dernier entretien (extraits)

Christiane
Texte écrit après un long parcours (première réaction sur le site in Dossier 2)

Point de vue (orientation de lecture des 3 derniers documents)

 Sonia « orthographe et autonomisation »
 Sy « une re-naissance » et « une brève prise en charge »
—  Points communs de ces deux témoignages :
 Compensation (études universitaires)
—  Difficultés : travail, relations personnelles
 Christiane « se réconcilier avec soi-même » : changer de mode d’expression
—  Pour toutes : De la fusion à la séparation

Rapprocher le dernier témoignage (Christiane) de celui d’Arlette Mucchielli-Bourcier (2004) in « La prévention de la dyslexie à l’école » L’Harmattan

« Le plus évident, le plus important à dire : mon combat aussi incontestable et permanent avec les mots. Plus justement dit, c’est leur appropriation véritable qui me pose problème, c’est-à-dire pouvoir les utiliser, oser en faire des outils efficaces dans mes échanges et ne pas me contenter de les considérer seulement comme “un butin délicieusement acquis”, comme me l’a si bien suggéré mon amie analyste.
Au plus loin que je remonte dans mes souvenirs, je me vois, je me sens dans mon colletage avec eux. Je les adore et je les hais . Je les veux et ils m’échappent sans cesse. Je les ai appris les uns après les autres, parfois rabâchés pour bien les arrimer à ma mémoire. Je les admire et les contemple comme de beaux objets : « en catimini », « pestilence », « rodomontade », « litote »... comment dire ma jubilation lorsque je les prononce, pour moi ou pour les autres en conversant. Oui, lorsque j’ai pu en placer un, avec assurance et naturel, j’éprouve un intense sentiment de satisfaction, presque de plénitude. Est-ce croyable ? » (p. 55)


[1] Les jeunes enfants n’auraient pas le recul qui leur permettrait de témoigner sur leur histoire, même s’ils apportent leur témoignage sur leurs « théories de l’esprit » en rendant compte de certains aspects de leur fonctionnement mental dans le dialogue. Un peu plus âgés, ils s’en tiennent à un "récit circonstanciel" (cf. Manu*).

[2] La thèse dans laquelle j’ai présenté ce questionnement interrogeait deux conduites linguistiques privilégiées : le dialogue et le récit.

[3] Ce n’est pas tout à fait le schéma pluriel de la PNL, dans lequel le moi intègre plusieurs « positions », parent, enfant, adulte, intégration réussie quand on a pu, en cas de problème, rétablir la communication entre ces différentes « instances » métaphoriques. La problématique de certains dyslexiques me ferait évoquer une métaphore différente, dans laquelle le moi se percevrait, du point de vue de ce sujet dyslexique, comme un prisme donnant à voir ses différentes facettes, au cœur duquel serait le noyau dur, « sentiment de soi », ancré dans le corps, programmé certes à exister comme humain, mais où tout laisse trace, support essentiel de « l’estime de soi ». Cristal ou diamant, ce prisme est frontière et miroir, contenant et contenu, cette dernière opposition n’étant pas perçue comme telle, dans une sémantique de dyslexique telle que j’ai pu l’analyser les deux termes de la paire étant interchangeables, l’un valant pour l’autre comme au début de l’acquisition du langage, tout comme le concept, tel que nous l’entendons, émerge progressivement sous l’influence des missionnaires dans l’évolution de la langue des Canaques “Do Kamo la personne et le mythe dans le monde mélanésien” (Leenhardt 1947)...

[4] Clain rappelle dans son enseignement (Amphis de la 5e) qu’il existe deux plans de l’expérience : cognitive, qui a pour objet la relation à l’extérieur, éthique dont l’objet est la subjectivité. Une autre norme : je produis mon objet. Les deux plans sont au début confondus dans l’expérience pratique de rationalisation du monde (histoire de l’avènement du monde scientifique actuel) jusqu’à ce qu’on introduise la séparation entre esthétique, technique et mythique. Par exemple, au temps de Michel-Ange artisan et artiste n’étaient pas encore séparés. (cf. Clain Sociologie Laval Canada)

[5] Présenté à un séminaire à des étudiants en orthophonie à Nice (mai 2008)


Dans la même rubrique :
Le « témoignage » en question
Une brève prise en charge




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