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3)Jeu symbolique et traitement de la réalité
BETTY OU "LE BÉBÉ VOLÉ"
jeudi 1er février 2007, par J.Zwobada Rosel


L’analyse du corpus présenté ne peut suivre toutes les pistes qu’il ouvre. On donnera la priorité à celles qui peuvent éclairer le praticien dans ce qu’il peut comprendre des enjeux de ce qui se passe dans l’ici et maintenant du jeu, en le référant au contexte de l’histoire de la prise en charge.

Avec le corpus de Stie, on a vu un moment particulier qui favorisait un réaménagement des représentations de l’enfant comme de celles de la mère concernant leur histoire relationnelle dans un contexte familial particulier.

-  Le jeu permettait, dans la mise en scène, à un tiers, la grande sœur (rôle joué par la mère de Stie), d’apporter ce qui relève d’une “modification” des représentations des premières interactions de Stie et de sa mère. Stie, jouant la mère, reproduisait un comportement qu’on pourrait dire “attendu” dans un scénario d’alimentation. C’était son expérience, et elle jouait la bonne mère. Le problème venait d’une interprétation inattendue du rôle du bébé par la thérapeute, ce qui remettait en question la façon de résoudre le problème. La mère, jouant la grande sœur, se montrait alors capable d’analyser pour les interpréter les signaux non verbaux du comportement de ce bébé imaginé - dans le jeu. Le paradoxe venait de ce que la mère n’avait pas su les interpréter dans l’histoire de la grande sœur.
-  Le rapport métaphorique de cette « histoire vraie » était ainsi posé par le comportement dans le jeu de la - thérapeute, et son mode d’intervention se serait borné à faire communiquer mère et fille à propos d’une autre. Le thème en serait : la place de chacun dans la famille par rapport au bébé.

Le contexte du jeu

Pour Betty comme pour Kamel [1], il est question d’un événement familial, une inquiétude d’ordre familial pour lui, l’arrivée d’un bébé dans la famille pour elle. Cependant le contexte est très différent. Kamel a, du fait de sa surdité, des difficultés particulières pour construire son langage et donner forme à ce qu’on peut dire être sa pensée. Il souffre d’être handicapé, car son père a du mal à le voir comme enfant et non comme sourd.

Betty est dyslexique et, en partie de ce fait, dans ce mode de fonctionnement, a du mal à saisir les règles du monde qui l’entoure [2]. Mais comment l’enfant pourrait-elle y avoir accès, lorsqu’elle sait que sa mère ne l’aimait pas de peur d’en souffrir, ce qu’elle a pu verbaliser (cf. Question de genre discursif p.726 [3]) après avoir évoqué un cauchemar qu’elles faisaient à l’identique l’une et l’autre ?

-  A l’origine de cette quête permanente, il y a une situation familiale particulière, qui comme dans la famille de Corine, nécessite la prise en compte d’une, voire de deux générations précédentes (*13).

— Pour résumer ce qui relève de cette histoire particulière (cf. Document en Annexe), la maman a eu, adolescente, une prise en charge psychothérapique dont elle a gardé un mauvais souvenir. Elle précise, dès l’anamnèse, que, ayant eu une IVG (sur prescription médicale) au début d’une première grossesse, elle avait tellement peur d’avoir une déception du même ordre qu’elle reconnaît ne pas avoir voulu trop s’attacher au bébé Betty. Elle n’avait pas parlé à ce moment de la relation particulière qui l’unissait à son propre petit frère, lorsque adolescente, sa propre mère lui a délégué le soin de s’en occuper (“c’était mon bébé” en dit-elle).

Cette information est arrivée plus tard dans la prise en charge, à l’occasion d’une discussion sur autre chose. Ce n’était pas une information banale, car ce jeune frère était condamné et avait des crises d’asthme terrifiantes qui la faisait, elle sa grande sœur, vivre dans une angoisse de mort permanente. Le frère a survécu (il a 22 ans au moment de cette prise en charge), mais l’angoisse de la mère de Betty était et est encore là, prête à se réactualiser à chaque grossesse. Elle a cependant fait une fausse-couche (non provoquée) il y a deux ans qui l’aurait moins perturbée, sans souffrir autant. [4] Tout s’est passé dans l’histoire personnelle de la mère de Betty donc, comme si sa propre mère avait désinvesti son dernier enfant, source d’angoisse, et lui avait laissé le soin de “gérer” cette angoisse en la laissant le « materner ».

— Lorsque j’ai vu Betty avec sa mère au premier entretien, j’ai perçu cette petite fille de 8 ans comme très raisonnable avec une maman très jeune, et cette relation entre elles m’a fait évoquer l’analyse d’A. Miller du « Drame de l’enfant doué », “...des enfants intelligents, ultra-sensibles et, comme ils ne pensent qu’au bonheur de leurs parents, disponibles, secourables...”. Comme Stie mais avec une intensité beaucoup plus forte, dans cette ambiance mortifère, elle se comporte presque comme “la mère de sa mère“, tout comme Manu lorsqu’il s’est adressé à son père qui semble n’exister qu’à travers lui, en lui disant “mon cher fils”. Un autre exemple en a été donné avec le corpus de Justin, dans la succession de deux jeux du dinosaure avec sa mère puis avec son père, père qui, du fait d’un deuil non élaboré, s’accrochait en quelque sorte à cet enfant dans une sorte d’identification projective au sens où on l’entend en psychanalyse.

-  Un premier corpus filmé par la mère de Betty l’année précédente, a mis en scène, sans commentaire de sa part, une représentation avec des nounours (inspirée de Boucle d’Or ?) d’un scénario où une petite fille s’échappe, que son père retrouve dans une famille d’ours... Il y avait en quelque sorte mise en scène de la situation familiale, père et fille, la mère ayant été dépressive, comme absente, un ou deux ans auparavant (cf. note précédente). Betty avait ainsi une relation très privilégiée avec son père. La thématique concernait un enfant disparu, un père soucieux de retrouver sa fille, une famille réduite du fait de l’absence de la mère que ni l’un ni l’autre ne cherchaient à évoquer. Que la mère, filmant le jeu, n’ait pas éprouvé le besoin d’intervenir, m’a étonnée mais... c’était un premier scénario familial et nous avons parlé non du contenu mais des difficultés de Betty à organiser une histoire jusqu’à ce jour.

Le corpus présenté maintenant a été recueilli, un an plus tard, juste avant les vacances d’été, lorsque Betty m’informe que sa maman est enceinte. [5]

Corpus : place de chacun dans la famille par rapport au bébé

— Les premiers temps de la séance :

En s’installant, Betty fait tenir le bonhomme (en bois, modèle de dessin) qui se trouve sur la table, en équilibre sur les mains.

-  Elle veut la présence de sa mère (le plus souvent nous sommes seules). Elles se mettent à leur place habituelle. Elle veut jouer à 4. La question du "petit frère" (le 4e donc) que la maman attend arrive ainsi sur le tapis. Au cours de la discussion, elle précise qu’elle veut faire comme sa mère a fait avec son propre frère, à elle, ce qui la met dans une situation de répétition transgénérationnelle. Le dialogue permet de clarifier cette situation. Pendant la discussion, la fille aide sa mère et la mère aide sa fille à réaliser un bonhomme en pâte à modeler qui représente Betty.

On parle des vacances aux Baléares. Elle ne sait pas où c’est. Ce n’est guère étonnant : elle a encore beaucoup de mal à se repérer dans le temps et dans l’espace au-delà d’expressions courantes qu’elle utilise machinalement.

L’orthophoniste fait alors remarquer à la mère qu’elle fait parfois tout ce qu’elle peut pour que sa fille ne s’y retrouve pas : elle en a parlé mais ne le lui a pas montré sur la carte. On regarde donc sur le globe terrestre et B se met à parler de la dérive des continents (terre toute accrochée), puis elle veut jouer.
-  La discussion lui avait permis de changer de codage pour désigner l’appartenance du bébé : elle avait donc commencé à utiliser le possessif collectif de 1ère personne (sa mère et elle), “not’re” bébé en en parlant, pour arriver à se différencier d’elle en utilisant “ton” bébé lorsqu’elle s’adressait à sa mère.

— Introduction à la séquence de jeu :

Betty va placer le carton, support du bonhomme en pâte à modeler qui la représente, sur l’étagère à côté d’autres (réalisés par d’autres enfants) et il se trouve que c’est à côté d’une minuscule table à langer avec un bébé. Des animaux-marionnettes sont disponibles dans la pièce, et leur manipulation introduit une distance par rapport au personnage qu’on joue, lorsque l’enfant choisit cette activité.

Voir le corpus, document en pdf, qui sera analysé dans un prochain article.


[1] Les corpus filmés des enfants cités dans l’article, sauf celui de Corine qui sera présenté dans article non publiés prochaînement, sont disponibles sur un CD

[2] Il s’agit d’une hypothèse pour rendre compte de certains décalages permanents que manifestent certains dyslexiques que j’ai rencontrés. Je l’ai évoquée à plusieurs reprises et développé en III dans ma thèse

[3] Elle localise un jour le problème de sa propre angoisse : "J’ai une question à te poser euh... Pourquoi maman elle avait peur quand j’étais née ?... (elle reviendra plus tard sur le rêve partagé) pourquoi j’ai peur que maman elle me donne un coup de couteau derrière le rideau ?... ya des mères qui tuent...(je parle "réparation" comme elle l’a fait en épongeant l’eau des bulles de savons, innondant la table ; elle reformule alors :)... Peut-être parce que je croyais que maman, à un moment, elle m’aimait plus !"

[4] On peut cependant rapprocher cet événement dont l’impact est presque dénié, d’une information que m’a donnée son médecin traitant, dont elle ne m’a jamais parlé : elle a fait une dépression l’année précédant la prise en charge, et même envisagé de refaire sa vie... ce que sa fille va mettre en scène peu avant que le médecin ne m’en parle dans un premier jeu, un an plus tôt, évoqué ci-après.

[5] Nous en avions parlé en tête à tête à plusieurs reprises car elle craignait que sa fille n’ait du mal à accepter ce nouveau bébé alors qu’elle avait réussi à surmonter ses craintes au sujet d’une nouvelle grossesse.Elle ne voulait pas qu’elle s’angoisse, d’où le secret qu’elle avait imposé vis à vis des autres membre de la famille ou leurs propres relations.

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