Plan du site Administration Contact
l'apprentissage en question
Vous êtes ici : Jeu symbolique > Une séance avec Yann
 

 

1 - Documents de base
1 . Témoignages
Le témoignage en question
2 . De l’effet de bascule
A propos de la "Mémoire"
Apprendre à lire et "dys" ?
Ecrire l’écrit
Musique
Musique et apprentissage
Dessin et représentation symbolique
De l’image à l’écrire
Forum

2 - Discussion des implicites
Dialogue et interprétation
Dyslexie
Lecture et compréhension
Questions autour de l’évaluation

3 - De ceux qui n’apprennent pas comme on enseigne
8 bis Dys-calculie et autres dys
Que faire ?
Parcours du lire écrire

4 - Evaluation d’expériences de terrain
Festival de l’audiovisuel et des technologies nouvelles en Orthophonie - Nancy
Versant didactique
versant prise en charge spécifique :

5 - L’interculturel...
ARIC 2001
ARIC 2003
ARIC 2005 Alger

6 - Textes non publiés
Récit et histoire familiale, transmission.

7 - Et du côté de l’Education Nationale
Enseignement spécialisé
Rééducation scolaire

8 - Limites de nos interventions
orthophonie
Conscience de son propre handicap - Evolution
Mots balises : dépassés ou éclairants ?
rééducation scolaire

9 - Lectures

Agenda

Conditions d’utilisation

Du côté de la créativité

Jeu symbolique
Evolution du jeu symbolique

Les auteurs
Références bibliographiques

Liens

Thèse

Rechercher sur le site :
imprimer cet article EVOLUTION DU JEU SYMBOLIQUE
Une séance avec Yann
LE JEU DES PULSIONS
vendredi 2 février 2007, par J.Zwobada Rosel


Le premier "jeu symbolique" que j’ai réalisé moi-même et la réaction de Yann à ce jeu auraient été le déclencheur d’une évolution qu’on retrouve dans l’évolution de ses dessins au cours de l’année qui a suivi. S’ils figurent l’évolution de sa perception du monde et de l’autre, la dynamique de leur mouvement même ne serait pas sans lien avec le balancement qui resurgit parfois, évocateur d’un état de transe...
-  Comment l’aider à réintégrer un monde de communication où le langage participe à la gestion de la violence des affects ?

Le contexte

Où en est-il dans son développement ?

• Au niveau de son expression verbale, le langage de Yann, bientôt 12 ans, a beaucoup progressé, spontanément, intégrant des énoncés qu’on aurait pu penser « récités » tellement ils sont quasi parfaits, identifiables et adéquats à la situation, lorsque sont arrivés les salutations et certains commentaires, qui semblaient « habités » émotionnellement. Il a ainsi pris en compte et intégré la dimension pragmatique du langage.

-  Lorsqu’il est hors situation, le rituel de l’embrassade /salutation prend alors la valeur d’-un signe- indiquant que j’ai compris quelque chose qu’il n’arrivait pas à exprimer, et que je répondais ainsi à son attente de reconnaissance par l’autre (pour ma part je serre la main en félicitant mes patients quand ils ont surmonté ou découvert quelque chose...)... Ces rituels quelque peu dé-ritualisés en changeant de contexte, retrouvent la dimension émotionnelle qu’ils avaient au départ (cf. compte rendu des années précédentes).

• Il déteste répéter pour mettre en place articulation et syllabes qui se bousculent dans sa parole, dans un langage référentiel. Cependant, sa fascination pour les Pokemons permet d’utiliser leur nomination comme support d’essais et erreurs dans des jeux qu’il invente, où il actualise ses acquis, en particulier dans le champ des mathématiques. En effet, il commence à apprendre ses lettres, les nombres, tout en progressant dans le champ de l’organisation spatiale, la réalisation d’une continuité en tenant compte de l’orientation des éléments entre eux dans une relation qui déborde un rapport de contiguïté (cactus), et les contraintes de la logique avec des jeux, en particulier d’ordinateur (sériation, intrus etc...).

-  Il n’est pas "docile" et les négociations se terminent le plus souvent en fin de séance par une photocopie de ...pokemon pour sa collection.

• Nous avons mis en place non seulement la musique/spectacle, mais un travail sur la voix qui lui permet à la fois de se « défoncer » mais aussi de contrôler sa production vocale dans un jeu où nos voix s’accordent et se désaccordent. Il mène le jeu le plus souvent car j’essaie de le retrouver, entre ce qu’il joue et sa voix, mais il essaie également de s’ajuster lorsque je tente de le stabiliser (hauteur et intensité) et de le faire revenir de cet état de quasi transe (il se balance de plus en plus fort) où il semble entrer.

Le début de la séance

Il arrive très excité, il parle du Père Noël, et vient me serrer très fort lorsque, commentant avec sa mère que ce n’est pas le moment, je lui précise que ce pourrait être qu’il désire quelque chose très fort. Il vient alors m’embrasser une deuxième fois de la façon que j’ai décrite.

Il entre ensuite dans la pièce où nous travaillons et se précipite sur l’échelle en affirmant qu’il va y monter (s’il avait peur les autres fois, il avait réussi à passer de 3 à presque 4 barreaux). Rien n’y fait, il ne peut me rejoindre au delà de 3 barreaux, même avec sa mère derrière lui, il est vraiment paralysé par la peur.

Nous prenons le « calendrier » aimanté avec magnets pour rechercher les activités du lendemain et resituer ainsi le temps à partir de “ici et maintenant” et du futur. Il veut à tout prix y placer le Père Noël. Sa mère détourne son attention en évoquant le train qu’il va prendre pour aller chez Mamie, je cache le magnet et range le panneau. Il refuse toute activité où il pourrait montrer à maman ce qu’il sait faire maintenant (cactus, coccinelle) jusqu’à ce que je lui propose la boite du scéno-test (cf. matériel).

-  Le contexte est ainsi posé : désir, peur, violence... comment lui permettre de s’exprimer dans un autre registre et de réussir à se contrôler ?

Scéno-test et Jeu symbolique

Un premier temps se marque dans le champ cognitif :

il fait des expériences avec les cubes pour réaliser ce qui pourrait correspondre à une maison, mais « en plein » alors que l’année précédente il avait travaillé autour du thème « maison » avec murs, portes, circulation jusqu’à, dernière expérience, y empiler en vrac tous les personnages. Nous n’avions pas repris depuis le scéno-test.

Ce jour là, il compare manifestement les éléments entre eux, les classe et les ajuste, explore leurs qualités et les possibilités de combinaison pour obtenir cette forme parallélépipédique. Sa mère est présente et je lui ai commenté ce que j’observais.

-  Il explore ainsi comment faire du remplissage avec des éléments différents dans une extrême concentration qui se marque par le “clic” (comme occlusif postérieur mais qui se prolonge en continu, d’arrière nez ?) qui joue chez lui le rôle d’un « objet transitionnel » (endormissement, gros chagrin etc.).

Il commence à sortir des personnages pendant que je m’absente quelques instants, sa mère est présente.

Le jeu proprement dit commence, que va-t-il exprimer ?

A mon retour, il a sorti la vache, le lutin (selon sa mère mais je le code en Père Noël) et la fait aller vers lui. Puis il prend le train jouet, le fait circuler avec l’onomatopée "tut tut tut". Il déplace le lutin. Je demande où il va ? Il le fait aller vers le bonhomme de neige (contexte du Père Noël ? mais aussi manifestation de quelque chose de froid, sans émotions ?)

-  Il n’a sorti aucun personnage mais manipule des "symboles" (représentants symboliques), les faisant entrer en relation. On peut penser qu’il reprend ainsi la relation établie entre l’expression d’un désir et le "Père Noël", hypothèse qui va se confirmer dans la façon dont nous continuerons à jouer...

• Il prend le sapin, essaie de le faire tenir debout, une femme, le crocodile et s’en sert pour casser la "maison" comme avec rage, puis commence à agresser la femme avec... Je me décide alors à intervenir sous forme de question : "une dame qui ? une maîtresse, une maman, une orthophoniste comme Jacqueline ?

Il prend alors le lasso à la place du crocodile et menace la vache avec.

-  On est donc passés d’une mise en scène d’agression directe, mime en quelque sorte dans le champ du fictif d’un jeu mais avec l’expression d’une violence telle qu’il ne peut avoir de valeur cathartique, on est passé à l’expression d’un désir fantasmatique, par symboles interposés : le serpent évoquant le désir sexuel et la vache, un personnage féminin.

-  J’interviens de nouveau en transformant le "lasso" (fil de fer) agresseur, en "laisse", avec des gestes mesurés, tout en parlant avec calme, pour lui suggérer ainsi en gestes et en paroles, qu’il peut y avoir d’autres modalités relationnelles.

-  Il laisse alors le jeu en plan et va chercher, à l’autre bout de la table, le petit ours vibreur. Il reprend sa place et le pose contre ses deux joues, entre les deux joues, pour ressentir le plaisir de la vibration, puis le fait ressentir à sa mère puis à moi-même en nous rejoignant tour à tour à notre propre place.

-  Le passage à l’expression des pulsions dans ce nouveau champ symbolique, plus archaïque, ne pouvait trouver d’issue sauf à être transposé dans un autre langage. La vibration (émotion) et le partage émotionnel... avec un objet transitionnel.

• Il va ensuite dans le coin musique et sort un nouveau xylophone s’exerçant à taper très fort dessus. Il découvre ce nouveau matériel.
-  Puis il reprend le petit piano/synthé qui lui sert de support dans ses activités musicales et l’expression par la voix. Il nous surprend alors car il nous chante une chanson avec paroles (incompréhensibles certes) que nous ne connaissons pas ! Les mots accompagnent ainsi une ligne mélodique.
-  J’essaie de le rejoindre par la voix, comme nous le faisons dans notre découverte réciproque de nos capacités "vocales" et du plaisir partagé qu’on peut y rencontrer, car son balancement s’intensifie, et même s’il n’est pas accentué par le rebond du gros ballon [1] sur lequel il s’installe souvent maintenant, je ressens le besoin de l’aider à nous retrouver...

Un mot de la séance suivante.

Pendant que sa mère va lire le début de ce compte-rendu dans la pièce voisine, il se plante en bas de l’échelle. Il voudrait manifestement y monter. Je me contente de le regarder de ma place habituelle. Il me regarde également, comprend qu’il est livré à lui-même, essaie en vain de décoller un pied puis l’autre, toujours silencieux, évalue la situation et décide de ne pas essayer davantage, sans m’appeler pour autant : il n’est pas prêt mais accepte de ne pas être "aidé".
-  Lorsque sa mère revient, il est d’accord pour lui montrer comment il réussit le jeu "la coccinelle". Il y parvient en réalisant tous les transferts mentaux que nécessitent les deux modèles proposés, à une échelle différente, avec les retournements nécessaires à leur mise en place. Il en est tout à fait capable !...


[1] il s’agit d’un ballon qu’on trouve habituellement dans des salles de kiné, sur lequel les enfants cherchent à trouver un équilibre plus ou moins stable.

Répondre à cet article

Dans la même rubrique :
La "séparation"
Les prémisses du jeu symbolique ?
Trisomie et évolution du jeu symbolique (Yann)

Thèmes abordés :
jeu symbolique
Observation et Évaluation : exemple d’une brève prise en charge
Communication, langage et jeu symbolique chez un enfant trisomique de 9 ans, Yann
Prise en charge d’Angie
scéno-test
Traits d’autisme
Trisomie




Nous contacter | Plan du site | Admin | Statistiques | Conditions d'utilisation | Accueil

 

©2000 www.sos-lire-ecrire.com