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vendredi 24 janvier 2003, par Frederique Mattei


Aînée de 4 enfants, fille de militaire, j’ai toujours eu du mal à assumer les règles imposées par l’extérieur. Je préfère me les imposer moi-même, me semble-t-il.

Un des premiers souvenirs de ma marginalité dans les apprentissages remonte à la maternelle, nous devions ramener des fleurs et feuilles afin de faire un collage pour représenter un personnage. J’étais partie dans mon idée, que j’avais eu dès que la maîtresse nous avait parlé du projet de rapporter ces objets en vue de l’activité. J’avais exécuté mon collage en trois dimensions, je le trouvais et (trouve encore) magnifique, il représentait une princesse. J’avais eu un plaisir extrême à réaliser ce personnage. La robe était une rose collée sur la feuille par la corolle et sur la tige de laquelle j’avais mis un cotillon pour faire la tête, les bras étaient figurés par deux autres petits morceaux de bois partant de cette tige. Je ne pouvais pas à partir de ces objets et de mon idée accépter qu’il faille aplatir cette réalité sur une feuille, la maîtresse, interloquée, aurait voulu que je recommence, argumentant qu’on ne pouvait exposer ma réalisation au mur, mais je fus bien incapable de sortir de ma représentation et de passer à l’horizontalité et à l’espace topologique.

En CP, j’ai appris par une copine que je faisais partie du groupe des mauvais lecteurs, je n’avais pas le même livre que les bons et ne faisais pas partie de leur rangée en classe, je ne l’avais pas remarqué et n’en avais pas conscience. Il a fallu que cette copine me le dise lors d’un jeu avec la coqueluche de la classe pour que j’en prenne conscience. Sa remarque était du style, "de toutes façons, tu n’intéresses pas A., tu es dans le groupe de ceux qui ne savent pas lire". Ca a été un choc pour moi, je suis de la fin de l’année, avec du recul, je me dis que cette différence instituée par la maîtresse ( qui était la même personne que celle de la maternelle) était peut-être basée sur les rythmes des enfants, mais à l’époque j’avais remarqué que les enfants des instituteurs étaient dans le bon groupe, ainsi que A. qui était le fils d’un Inspecteur de l’Education Nationale, et le reste dans l’autre groupe. La maîtresse me disait rêveuse, elle me l’a redit 10 ans plus tard en me rencontrant par hasard "tu as toujours ton petit air rêveur, F...", Pourtant je reste persuadée que je ne rêvais pas, j’avais beaucoup d’imagination mais ne rêvais pas. Pour en revenir à mon apprentissage de la lecture, je détestais apprendre à lire le soir avec mon père, les rares fois où il était là, il n’acceptait pas que je puisse dire "2 petits ponts" pour"n", "une canne" pour "p", "un parapluie" pour "t", nous étions en bagarre continuelle, et je finissais toujours par pleurer. Mon année de CE1, a très mal débuté dans une école où la maîtresse m’avait prise en grippe "parce que j’étais fille de militaire, donc nulle comme les militaires", et elle m’avait dit qu’elle ne s’occuperait pas de moi "parce que les militaires ça déménage tout le temps". Elle me terrorisait, j’étais complètement bloquée, j’étais la seule élève qu’elle appelait par son nom de famille...

Heureusement pour moi, comme toute bonne fille de militaire, j’ai déménagé un mois après cette rentrée. Je suis arrivée dans ma nouvelle ville de garnison en pleine composition, lors de la lecture orale, ma bête noire, bien que terrorisée par l’exercice, me persuadant que j’y arriverais aussi j’ai osé lire à haute voix, quelle ne fut pas ma surprise lorsque la maîtresse m’a dit, et ça m’est resté "dis donc, M., tu ne lis pas si mal que ça", elle aussi m’appelait par mon nom, mais elle faisait de même pour toutes les élèves...A partir de ce jour j’ai bien lu. Elle m’avait donné le feu vert !

Jusqu’en 6ème, j’ai eu de gros problèmes d’orthographe grammaticale, qui se sont résolus d’un seul coup, à partir du jour où mon père, qui nous avions rejoint en Afrique, après qu’il y soit allé depuis 6 mois, avait pris le temps de m’expliquer comment fonctionnaient les règles, comment on devait accorder, comment le "verbe obéissait au sujet". Il avait posé les règles, je les avais acceptées. Ca a été magique, tellement magique que la prof, qui n’en croyait pas ses yeux, m’avait isolée au fond de la classe, elle pensait que j’avais copié en dictée ! Mais là j’étais capable de surmonter cet isolement et de reconnaître la (les) règle(s).

Aujourd’hui, bien que je ne fasse pas de faute, chaque fois que j’écris, je passe en revue sans arrêt, par le biais d’un discours intérieur, les règles, les accords auxquels je dois me référer. L’orthographe n’est ni automatique ni mécanique chez moi, même pour ce qui n’est pas grammatical, je repasse en revue de manière consciente les règles de base (ex devant m, p, b ou après g etc...) pour les mots nouveaux. Evidemment je cible tout de suite la règle, je ne passe pas en revue une grammaire, un bled virtuel dans ma tête. (J’ai fait des études d’Anglais, et lorsqu’il s’agit d’écrire je fais la même chose, mais avec ce qui est spécifique à cette langue). Cela me paraît d’ailleurs normal...

En sport, j’ai eu la même sorte de déclic, j’ai décidé que je serai bonne, j’en avais assez de toutes ses filles qui ne se prenaient pas pour rien au cours d’EPS, je me suis inscrite au club de natation et me classais aux championnats de France de natation la même année ! (je détestais tout de même les sports collectifs)

Plus tard lorsque je commençais un autre sport nautique, mon entraîneur, qui sentait que j’avais des capacités physiques, s’arrachait les cheveux, parce que selon lui, j’étais incapable d’avoir une démarche analytique, je ne pouvais pas décomposer les mouvements, jusqu’au jour où il s’aperçut qu’en employant des images "imagine que tu pousses un frigo avec tout ton dos" (ça m’est resté), je comprenais tout de suite ce qu’il attendait de moi, j’ai progressé très vite et ai obtenu, grâce à lui et ses images, plusieurs titres aux championnats de France. (Cet entraîneur a été le catalyseur, par la suite je me suis entraînée seule).

Je peux ajouter, que dans ces deux sports, sous l’effet de fatigue, je continue à faire mes mouvements "à l’envers", j’inverse temps glisseur et moteur, parce qu’il y a une dualité, je confonds et dois réfléchir pour gauche et droite, alors bâbord et tribord pour un bateau dans lequel on est placé dans le sens inverse de la marche !


-  P.S. :Lorsque j’étais en 2nde, bien qu’ayant été une des rares à avoir réussi un problème de physique en devoir sur table, le prof me l’avait cependant compté faux parce que je n’avais pas appliqué le théorème tel qu’il nous l’avait enseigné. J’avais cependant tout reconstruit, non sans mal, moi-même à partir de ce que je comprenais, je m’étais appropriée le problème. A la quasi certitude d’être arrivée au bon résultat s’ajoutait le plaisir d’avoir réussi. J’ai essayé de lui expliquer mais en vain : il ne voyait pas posé le cheminement, débile pour moi, qu’il attendait. Il aurait fallu que je procède bêtement par analogie, en appliquant son théorème tel que nous l’avions vu en cours, et je n’y avais pas pensé, pourtant je l’avais appris son théorème !

-  D’ailleurs, aujourd’hui, quand j’ai un plan sous les yeux, je me projette dessus et l’oriente, le tourne pour figurer mes déplacements en imaginant que je suis moi-même dans ce plan

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